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Pas de "révolution" en vue pour le traité de Schengen

"Nous n'allons pas révolutionner quoi que ce soit", a affirmé un porte-parole de la Commission européenne après l’appel franco-italien à revoir les conditions de suspension du traité de libre-circulation des personnes.

Dès l’annonce d’une lettre commune dans laquelle Paris et Rome appellent à réformer le traité de Schengen, la Commission européenne a réagi favorablement à la requête franco-italienne.

Date d'entrée des pays de l'UE dans l'espace Schengen

Et pour cause... Bruxelles n’a en effet pas attendu le 29e sommet franco-italien, qui se déroulait ce mardi à Rome, pour envisager une modification de sa politique d’immigration. “80 % des demandes qui figurent dans la lettre commune trouveront une réponse dans une communication que la Commission européenne a déjà prévu de présenter le 4 mai prochain”, note Katyalin Landaburu, correspondante FRANCE 24 à Bruxelles.

Dans cette lettre, Rome et Paris demandent notamment à la Commission européenne d’"examiner la possibilité de rétablir temporairement le contrôle aux frontières intérieures" des États membres. À Bruxelles, Olivier Bailly porte-parole, de la Commission explique qu’elle a prévu de redéfinir les "conditions exceptionnelles" permettant aux États membres de Schengen de rétablir "temporairement" des contrôles à leurs frontières nationales. "Il est déjà possible de rétablir temporairement des contrôles aux frontières nationales. Nous n'allons pas révolutionner quoi que ce soit", a averti le porte-parole dans un entretien à l’AFP. Selon Olivier Bailly, les modifications viseraient avant tout à “régler les différences d'interprétation" sur ces règles. Sur cette question, le fond ne devrait pas varier.

Calendrier accéléré

En revanche, sur la forme, le calendrier d’adoption pourrait être accéléré. L’Union européenne doit gérer depuis le début de l’année l’afflux massif de migrants en provenance des pays arabes fuyant les révolutions en Afrique du nord. En quatre mois, près de 25 000 migrants ont atteint les côtes italiennes.

“Si des accords se dégagent après la présentation des propositions de la Commission le 4 mai, il est très probable qu’une décision politique intervienne à l’issue du prochain sommet des chefs d’État qui aura lieu à Bruxelles en juin prochain”, explique Katyalin Landaburu.

En France, dans la majorité présidentielle, cette accélération du calendrier a été bien accueillie. “Il y a un vrai problème de politique européenne. Dans cette affaire, l’ensemble des États européens avaient la même position que la France (quant à la réforme du traité de Schengen, NDLR)”, souligne sur FRANCE 24 Pierre Lequiller, député de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) et président de la Commission des Affaires européennes à l’Assemblée nationale.

Mais cette réforme suffira-t-elle vraiment à régler la crise migratoire ? “Le Traité de Lisbonne n’est pas suffisant pour mettre en place une politique commune en ce qui concerne l’immigration”, souligne Sandro Gozi, représentant du Parti Démocratique pour les politiques de l’Union européenne et membre de la chambre des députés à Rome, à l’antenne de FRANCE 24.

“Aujourd’hui, Paris et Rome ont joué le chacun pour soi et ont utilisé Bruxelles comme un bouc émissaire, en dernier recours. Ce n’est pas comme ça que Français et Italiens reprendront un leadership au sein de l’Europe et construiront une politique européenne de l'immigration dont nous avons un besoin urgent”, s’inquiète le député italien.

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