Le dépouillement du scrutin de l'élection présidentielle dans les 36 états du pays donnerait le président sortant, Goodluck Jonathan, largement en tête dans la quasi-totalité d'entre eux. Les observateurs saluent le bon déroulement du vote.
AFP - Le président sortant Goodluck Jonathan était assuré lundi de remporter l'élection présidentielle au Nigeria, selon des résultats officiels partiels mais des émeutes sporadiques ont éclaté dans des villes de la moitié nord du pays provoquées par des accusations de fraudes électorales.
Goodluck Jonathan disposait lundi à la mi-journée d'une avance telle qu'il est assuré de remporter l'élection présidentielle, d'après des résultats officiels portant sur 31 des 36 Etats de la Fédération nigériane, plus la capitale Abuja.
D'après le décompte de la Commission électorale, il a obtenu plus de 21 millions de voix et gagné 22 Etats contre plus de 9 millions à son rival principal, Muhammadu Buhari (chef d'une junte militaire en 1984-1985), originaire du nord du pays à majorité musulmane.
itPour l'emporter, le candidat majoritaire en voix doit également obtenir au moins un quart des voix dans au moins deux-tiers des 36 Etats, selon la Constitution.
Des millions d'électeurs avaient fait la queue dans un calme général samedi, jour du vote, en espérant que les fraudes massives des dernières décennies ne se répèteraient pas, comme l'avaient promis les autorités.
Le pays s'est récemment doté d'un fichier électoral électronique comportant les empreintes digitales des plus de 73 millions d'inscrits. La précédente liste électorale était truffée d'électeurs fantômes.
Mais si dans l'ensemble, les observateurs ont jugé l'élection 2011 plus honnête qu'en 2007, les résultats anormalement élevés en faveur de M. Jonathan, dans son fief du Sud chrétien, ont semé le doute: l'Etat de Akwa Ibom lui a donné 95% des voix et celui de Bayelsa, son Etat natal, a proclamé le score de 99,63%.
"De tels chiffres au dessus de 95% paraissent inventés et posent de graves interrogations sur la crédibilité de l'élection", a estimé Jibrin Ibrahim du Centre pour la démocratie et le développement.
Mais pour Chidi Odinkalu, responsable d'une autre ONG observant les élections, Open Society Justice initiative, "l'élection présidentielle a été libre et transparente, ce qui est vraiment incroyable".
Dimanche soir, des émeutes ont éclaté dans plusieurs villes de la moitié nord du pays, déclenchées par des accusations de fraudes électorales portées contre le camp du président sortant.
itDes affrontements ont eu lieu lundi matin à Kano entre des jeunes manifestants et des soldats. Les manifestants arrêtaient des voitures pour demander aux conducteurs d'exprimer leur soutien à Muhammadu Buhari.
Des violences ont aussi été signalées dans les villes de Kaduna, Zaria et Sokoto, ainsi qu'à Jos (centre) où la police a dispersé une manifestation.
Les résultats connus jusqu'ici ont confirmé une division nette entre le Nord musulman pro-Buhari et le Sud chrétien pro-Jonathan.
De nombreux analystes avaient mis en garde contre ce scénario dans un pays aussi turbulent que le Nigeria, comptant 155 millions d'habitants et plus de 250 groupes ethniques. Le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique et le premier producteur de pétrole du continent.
Dans le Nord, beaucoup jugeaient que la réélection de Jonathan serait une entorse à une règle non-écrite prévoyant une rotation du pouvoir entre le Nord et le Sud.
Goodluck Jonathan, 53 ans, vice-président devenu chef de l'Etat en mai 2010 au décès de son prédécesseur musulman Umaru Yar'Adua (2007-2010), est le candidat du parti démocratique du Peuple (PDP). Ce parti domine largement la scène politique et a remporté dès le premier tour toutes les présidentielles depuis la fin des régimes militaires en 1999.
Docteur en zoologie, M. Jonathan est connu pour arborer constamment un chapeau stetson. Son calme affiché est jugé rassurant pour garantir des réformes au Nigeria par nombre d'électeurs, mais d'autres le jugent trop faible.
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