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Confusion à Abidjan où les pro-Gbagbo ne cèdent rien, la crise humanitaire s'aggrave

Les forces loyales à Laurent Gbagbo ont renforcé leurs positions dans certains quartiers de Cocody et du Plateau, siège du palais présidentiel, à Abidjan. Dans le reste de la capitale, la situation reste confuse, selon l'ONU.

Retranché dans sa résidence à Abdijan, Laurent Gbagbo résiste toujours aux pressions conjuguées du président élu Alassane Ouattara, des Nations unies et de la France tandis que la situation militaire reste incertaine et qu'un climat d'insécurité règne en ville.

En effet quelques jours après leur offensive éclair, les FRCI (les Forces républicaines de Côte d’Ivoire, NDLR) semblent marquer le pas. Vendredi, les troupes qui sont encore fidèles au président sortant Laurent Gbagbo auraient regagné du terrain dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire, selon Alain Le Roy, chargé des opérations de maintien de la paix des Nations unies.

Incertitudes militaires

Les  pro-Gbagbo seraient repassés maîtres de la radio-télévision d'Etat (RTI) et auraient aussi renforcé leurs positions dans les quartiers de Cocody et du Plateau. "Il y a de nombreux snipers au Plateau qui abrite le palais présidentiel et le quartier d’affaires. On peut en effet dire qu’il est bien contrôlé par les pro-Gbagbo" confirme un des envoyés spéciaux de FRANCE 24 à Abidjan, Marc Smith. Cependant, selon ce dernier, "il est inexact" d’affirmer que les forces loyales au président sortant ont pris le contrôle de l’ensemble du quartier de Cocody, "même s’ils ont gagné du terrain".

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Face aux positions fermement tenues par les pro-Gbagbo, "les pro-Ouattara qui comptent entre 4 000 et 5000 hommes dans la ville, se contentent d’opérer des incursions car il ne sont pas assez nombreux pour prendre la ville", exlpique de son côté Luc Bragonne, un autre envoyé spécial de FRANCE 24 en Côte d’Ivoire.

Par ailleurs, l'ambassade de France a affirmé vendredi que la résidence de l'ambassadeur avait été attaquée, pour la deuxième fois en moins de 48 heures, par des forces loyales à Laurent Gbagbo. Située à Cocody, elle aurait été "visée par deux obus de mortier et par une roquette provenant des positions des forces toujours fidèles à M. Gbagbo". Une information aussitôt démentie par le camp du président sortant. En réaction, des hélicoptères de la force française Licorne ont survolé la ville, "sans pour autant ouvrir le feu", précise ce samedi à FRANCE 24, le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état major des armées françaises.

"Tragédie humaine"

Sur le plan humanitaire, la situation s’est encore dégradée dans le pays alors que les deux camps se livrent bataille. Le personnel des Nations unies a annoncé vendredi la découverte en 24 heures de plus de 100 cadavres dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, certains brûlés vifs, d'autres jetés dans des puits.

Les agences de l'ONU ont demandé l'ouverture de couloirs humanitaires pour venir en aide aux populations fuyant les violences. A Duékoué, quelque 30 000 personnes, affamées, s'entassent dans une mission catholique. De son côté, le représentant du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) en Côte d'Ivoire, Carlos Geha, estime que la ville d’Abidjan connaît "une tragédie humaine", en précisant que l'eau manque depuis quatre jours.