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Le camp Ouattara promet une "offensive rapide" sur Abidjan

Le Premier ministre d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro, a déclaré dimanche sur FRANCE 24 que la situation était "mûre" pour une "offensive rapide" sur Abidjan. Depuis jeudi, des combats opposent les deux camps autour des derniers bastions de Gbagbo.

La tension reste vive autour des bastions pro-Gbagbo à Abidjan. Selon le camp du président reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) se préparent à lancer une offensive majeure dans la capitale économique ivoirienne contre le camp du président sortant Laurent Gbagbo.

"La responsabilité nous impose de lancer l’offensive définitive", a affirmé dimanche soir sur FRANCE 24 le Premier ministre d’Alassane Ouattara, Guillaume Soro. "Nous avons encerclé la ville. Depuis 72 heures, nous harcelons les mercenaires et miliciens de Laurent Gbagbo. L’offensive définitive sera menée et je vous promets qu’elle sera rapide", a-t-il poursuivi.

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Guillaume Soro, Premier ministre d'Alassane Ouattara
Le camp Ouattara promet une "offensive rapide" sur Abidjan

Depuis jeudi soir, des affrontements à l’arme lourde opposent les deux camps dans les rues d’Abidjan. Mais celui de Laurent Gbagbo résiste. Dimanche, les FRCI ne sont pas parvenues à s’emparer de la Radio-télévision ivoirienne (RTI), ni du palais et de la résidence présidentiels.

Les forces françaises prennent le contrôle de l’aéroport

De son côté, la force française de l’opération Licorne a pris le contrôle de l'aéroport d’Abidjan dimanche, en coordination avec l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Soucieux d’"assurer la sécurité des ressortissants français et étrangers" vivant dans la capitale économique ivoirienne, l'état-major des armées françaises a décidé d’envoyer 300 hommes en renfort des quelque 1 100 soldats de Licorne déjà déployés sur place.

Le camp de Laurent Gbagbo a vivement réagi à cette prise de contrôle, dimanche, qualifiant la force française Licorne "d'armée d'occupation [agissant] en dehors de tout mandat" de l'ONU.

"Nous croyions avoir à faire à une rébellion de Ouattara [...] en réalité la Côte d'Ivoire est engagée dans une guerre contre l'armée française. Nous souhaitons interpeller l'opinion française et internationale sur les agissements de l'État français qui sera responsable, coupable de la guerre civile", a déclaré le conseiller du président sortant Alain Toussaint, lors d'une conférence de presse aux côtés de Jacques Vergès, avocat proche de Laurent Gbagbo.

Accusations de massacre

Selon l’ONU et plusieurs organisations internationales, les offensives-éclair des FRCI, qui ont permis au camp d’Alassane Ouattara de contrôler l’ensemble du pays, ont été extrêmement meurtrières. Dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire, à Duékoué – ville de 75 000 habitants – plusieurs centaines de personnes ont été massacrées. L’ONU évoque 330 personnes tuées par les combattants d’Alassane Ouattara, la Croix rouge internationale parle "d’au moins 800 morts", victimes de "violences intercommunautaires" et Caritas fait état d’un millier de morts.

Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a exigé d’Alassane Ouattara qu’il prenne rapidement des mesures contre "ceux qui ont participé aux massacres". Le président reconnu par la communauté internationale a vivement démenti les accusations selon lesquelles ses partisans auraient commis ces exactions.

Craignant une nouvelle flambée de violences à Abidjan, la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a de nouveau exhorté, ce dimanche, Laurent Gbagbo à se retirer "immédiatement" du pouvoir, dont il ne détient plus aujourd’hui que les symboles.

Par ailleurs, des centaines de milliers d’Ivoiriens fuient les violences. Selon l’ONU, au moins 130 000 Ivoiriens se sont notamment réfugiés au Libéria voisin, laissant craindre une déstabilisation de ce pays, sorti en 2003 de 14 années de guerre civile. Selon les ONG présentes dans la région de Duékoué, des dizaines de milliers de personnes déplacées vivent sans abris, dans des conditions sanitaires préoccupantes.

Réunion de crise à l’Élysée

Dimanche, le chef de l’État français a convoqué une réunion de crise à l’Élysée pendant laquelle il s’est entretenu avec Ban Ki-moon. Il a demandé " la pleine mise en oeuvre de la résolution 1975 du Conseil de sécurité qui donne mandat à l'Onuci d'assurer la protection des populations civiles", selon un communiqué de la présidence.

Les premières évacuations d’étrangers ont débuté dimanche. Plus de 1 500 ressortissants étrangers, dont 700 Français, sont actuellement regroupés dans le camp de Licorne, afin de se mettre à l'abri des violences et des pillages. Quelque 12 200 Français se trouvent actuellement dans le pays, dont 11 800 à Abidjan. Le président français, Nicolas Sarkozy, a décidé du "regroupement sans délai de tous les ressortissants français d’Abidjan" afin "d’assurer leur protection".

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"la France doit intervenir en côte d'ivoire"
Le camp Ouattara promet une "offensive rapide" sur Abidjan