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Au lendemain des cantonales, l'UMP tente de minimiser sa défaite

Sévèrement battue au second tour des élections cantonales marquées par la victoire de la gauche et une percée du Front national, la majorité présidentielle estime que son recul est "moins important qu'annoncé".

AFP - L'UMP, sévèrement battue dans tous les scrutins locaux depuis 2007, a subi une nouvelle défaite dimanche aux cantonales même si son état-major s'employait à minimiser la victoire de la gauche, tout en tirant les leçons de la percée du FN pour les échéances nationales de 2012.

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a évoqué une "certaine stabilité des équilibres politiques", avec la gauche à 49,9%, la majorité à 35,87% et le FN à 11,56%.

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Le Front national s'installe

"La gauche progresse, mais le recul de la majorité est moins important qu’annoncé", selon l'analyse du Premier ministre François Fillon.

"On aurait souhaité de meilleurs résultats", a concédé le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé, relativisant toutefois les gains de la gauche "très loin", selon lui, de ses ambitions initiales.

Le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, soulagé de l'absence d'élus FN dans sa ville malgré "certains résultats serrés" entre la gauche et le parti frontiste, n'a vu qu'une "vaguelette rose".

Une analyse que ne partage pas Frédéric Dabi (Ifop) pour qui "la gauche reste très largement majoritaire" dans les départements, alors que la droite "sort très affaiblie" de ce scrutin.

La gauche, qui détenait déjà 58 départements sur 100, en a pris plusieurs à la droite: Mayotte, le Jura, les Pyrénées-Atlantiques et peut-être la Loire et la Savoie, où les deux camps sont au coude-à-coude.

La Corrèze, autre département stratégique que miroitait l'UMP, reste dans le giron de la gauche. Une victoire qui conforte les ambitions nationales du président du département François Hollande, en lui ouvrant la voie de la primaire socialiste.

Pour M. Dabi, cette dernière consultation au suffrage universel avant 2012 montre "une poussée entre les deux tours du FN, déjà observée aux régionales (2010)", signe qu'un grand nombre d'électeurs de l'UMP lui ont donné leurs voix dans les duels FN-PS.

On peut désormais parler d'une "porosité entre les électorats UMP et FN" et accréditer la thèse d'une "déculpabilisation et d'une banalisation du vote FN" dans la droite traditionnelle, selon le politologue.

Le débat sur la stratégie électorale de la majorité pour 2012 commence à poindre dans la majorité, où nombre de ténors remettent plus ou moins ouvertement en cause la "droitisation" de l'UMP.

L'ex-patron du Parti radical (PR, cofondateur de l'UMP), André Rossinot, l'a relancé dimanche soir, en lançant un ultimatum au parti présidentiel, lui donnant "un mois pour rétablir l'équilibre" entre "les courants gaullistes et démocrates-sociaux ou chrétiens, radicaux, et libéraux".

Les Radicaux doivent trancher en mai, sous la houlette de leur chef Jean-Louis Borloo, la question de leur émancipation de l'UMP, en vue d'une éventuelle candidature centriste en 2012. L'ex-maire de Valenciennes a observé en fin de soirée que "les choses vont beaucoup pus vite que prévu", déclarant à l'AFP qu'il "réfléchissait aux responsabilités qu'il pourrait être amené à prendre dans les prochaines semaines".

Rama Yade, fraîchement ralliée au PR, a expliqué à l'AFP que ces cantonales "valident totalement l'analyse" de son ami Borloo qui trace une ligne rouge entre les valeurs frontistes et "les valeurs humanistes et sociales de la droite républicaine".

"On va évidemment tirer tous les enseignements, notamment par rapport à la poussée du FN", a promis M. Copé. Dans son département de Seine-et-Marne qu'il n'a pas su ravir à la gauche, le FN était présent dans 12 cantons (sur les 23 renouvelables) au second tour.

"Ce parti doit être combattu et les causes de son audience doivent être lucidement évaluées et traitées", a renchéri le Premier ministre qui, lui, a sauvé son département de la Sarthe.