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Les autorités confirment la levée de l'état d'urgence et envoient l'armée à Lattaquié

"La décision (...) a déjà été prise mais je ne sais pas quand elle sera mise en application", a annoncé la conseillère politique du président syrien Bachar al-Assad. Elle pointe le rôle d'extrêmistes religieux dans les heurts de Lattaquié.

AFP - Les autorités syriennes ont décidé dimanche d'abroger la loi d'urgence en vigueur depuis près de 50 ans, qui restreint les libertés publiques, et le président Bachar al-Assad, qui fait face à un mouvement de contestation, devrait s'adresser "très bientôt" à la population.

Par ailleurs, des renforts militaires ont pénétré à Lattaquié, ville multiconfessionnelle du nord-ouest de la Syrie, après des accrochages extrêmement violents samedi, qui ont fait douze morts, dont des membres des forces de sécurité, des civils et deux insurgés.

"Le président Bachar al-Assad s'adressera très bientôt à son peuple"

Dans un entretien à l'AFP, dimanche à Damas, la conseillère du président, Boussaina Chaabane, a révélé que la décision d'abroger la loi d'urgence en vigueur depuis 1963 avait été prise.

"La décision d'abroger la loi d'urgence a déjà été prise mais je ne sais pas quand elle sera mise en application", a-t-elle dit, ajoutant qu'aussitôt après l'abrogation de cette loi, "toutes les personnes arrêtées en vertu de cette loi seront libérées".

Cette loi, rédigée en décembre 1962 par un précédent gouvernement, est entrée en vigueur aussitôt après l'arrivée au pouvoir du parti Baas en mars 1963. Elle impose des restrictions sur la liberté de réunion et de déplacement, et permet l'arrestation de "suspects ou de personnes menaçant la sécurité".

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Elle autorise aussi la surveillance des communications et le contrôle préalable des médias.

Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) Rami Abdelrahmane, qui s'est félicité de l'abrogation attendue de cette loi, a estimé qu'environ 2.000 personnes devraient être ainsi libérées.

"Tous les condamnés par la Haute Cour de sûreté de l'Etat devraient recouvrer la liberté, car ce tribunal d'exception avait été créé en vertu de cette loi", a-t-il dit.

"Les personnes retenues dans les locaux des services de sécurité, car arrêtées sans mandat d'arrêt", devraient aussi être relâchées selon lui.

Mme Chaabane a également annoncé que le président Assad, au pouvoir depuis 2000, s'adressera "très bientôt" à la nation, alors que le pays est secoué par une contestation sans précédent.

"Le président Bachar al-Assad s'adressera très bientôt à son peuple pour expliquer la situation et clarifier les réformes qu'il entend mener dans le pays", a-t-elle déclaré.

Parmi ces réformes figurent une loi sur le pluralisme des partis politiques et une loi plus libérale concernant la presse, qui feront "l'objet d'un débat public", a-t-elle dit.

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Renforts militaires à Lattaquié pour déloger des insurgés

Par ailleurs, des renforts militaires sont entrés à Lattaquié, a indiqué la presse syrienne, pour déloger des insurgés qui tirent à partir de toits et de voitures contre les forces de securité et les passants.

Au total, depuis vendredi, dans cette cité située sur le littoral, 13 militaires et civils ainsi que deux insurgés ont été tués, a indiqué Mme Chaabane.

Elle a accusé les "extrémistes musulmans d'être derrière l'attaque, avec l'objectif de susciter des dissensions confessionnelles dans le pays". Lattaquié est habitée par des sunnites, des alaouites et des chrétiens.

Le journal gouvernemental Techrine a fait état de 150 blessés vendredi et samedi dans la ville portuaire.

Le quotidien al-Watan affirme que "les voyous ne sont pas des Syriens et que leur nationalité sera dévoilée bientôt".

Mme Chaabane avait accusé samedi devant la presse "certains réfugiés palestiniens du camp de Ramel, proche de Lattaquié, d'avoir voulu créer la fitna (dissension confessionnelle) en tirant sur les forces de securité et sur les manifestants" afin de faire monter la tension entre eux.

Le secrétaire général du Front Populaire de Liberation de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG) a démenti "toute implication de Palestiniens du camp de Ramel dans les évènements de samedi".