Mahamadou Issoufou a remporté le second tour de la présidentielle avec 57,95 % des suffrages, selon la commission électorale nigérienne. Cet opposant historique succèdera à la junte qui avait renversé le président Mamadou Tandja en février 2010.
AFP - L'opposant historique Mahamadou Issoufou, 59 ans, a largement remporté l'élection présidentielle au Niger: après un an de junte militaire, ce civil sera le nouvel homme fort de ce pays parmi les plus pauvres du monde et sous la menace croissante d'Al-Qaïda.
Pour sa cinquième candidature, M. Issoufou, chantre de la "renaissance" du Niger, a obtenu quelque 1,8 million de voix, soit 57,95%, a déclaré lundi Gousmane Abdourahamane, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), lors d'une cérémonie à Niamey.
L'ex-Premier ministre Seïni Oumarou, 60 ans, s'incline avec 1,3 million de voix (42,05%).
Le taux de participation au scrutin de samedi, auquel quelque 6,7 millions d'électeurs étaient appelés à participer, atteint 48,1%, moins que les 51,5% du premier tour du 31 janvier.
Dans ce vaste pays sahélien abonné aux coups d'Etat, l'élection était destinée à rétablir un régime civil après un an de transition conduite par le général Salou Djibo, chef de la junte arrivée au pouvoir après son putsch de février 2010 contre Mamadou Tandja.
Détenu depuis un an, l'ex-président Tandja (1999-2010) avait provoqué une grave crise en cherchant à conserver son fauteuil au terme de son second et dernier quinquennat légal.
Les résultats provisoires de la Céni doivent désormais être transmis au Conseil constitutionnel, qui a 15 jours pour proclamer les résultats définitifs. L'investiture du nouveau président est prévue le 6 avril.
Lors de sa première déclaration à la presse, à son domicile, Mamadou Issoufou a "remercié" les Nigériens de l'avoir "désigné pour cinq ans pour (les) servir".
Le "peuple nigérien a arbitré avec beaucoup de sagesse dans le calme, dans la transparence, en faisant preuve d'une grande maturité politique, d'un sens élevé des responsabilités", a-t-il dit, vêtu d'un grand boubou blanc et coiffé d'un bonnet traditionnel rouge.
Entouré d'un important service de sécurité et de militants, il a également "salué et remercié" la junte pour son "doigté" et sa "responsabilité".
Il a rendu hommage aux militants de son Parti nigérien pour la démocratie et la socialisme (PNDS), et à ceux du Mouvement démocratique nigérien (Moden) de son allié, l'ex-Premier ministre Hama Amadou.
Arrivé en tête (36%) au premier tour, M. Issoufou partait favori grâce au soutien de M. Amadou (19%). M. Oumarou (23%) bénéficiait du ralliement de l'ex-chef de l'Etat Mahamane Ousmane (8%).
Les deux finalistes avaient des profils radicalement différents: le vainqueur a été l'éternel adversaire de Mamadou Tandja alors que son rival malheureux est l'"héritier" autoproclamé du chef de l'Etat déchu, dont il fut Premier ministre comme Hama Amadou.
Le bon déroulement du scrutin a été salué par les observateurs de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ainsi que par la France. L'ex-puissance coloniale a jugé "indispensable" l'acceptation du résultat.
Grand producteur d'uranium pourtant classé parmi les pays plus pauvres du monde et soumis à des crises alimentaires chroniques, le Niger doit faire face aussi à la menace grandissante d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui multiplie les rapts d'Occidentaux.
Fin février ont été libérés trois otages - un Togolais, un Malgache et une Française - enlevés en septembre 2010 sur le site minier d'Arlit (nord) avec quatre Français qui sont toujours aux mains des jihadistes.