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Kadhafi intensifie la contre-offensive et dément toute tentative de négociation

Des informations contradictoires évoquent une offre de négociation du camp Kadhafi aux insurgés. Le régime dément, tandis que les appels internationaux pour instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus du pays se font plus pressants.

Mouammar Kadhafi cherche-t-il à négocier son départ avec les insurgés ? Depuis lundi, plusieurs sources indiquent que le leader libyen essaierait de ménager, pour lui et ses proches, une "porte de sortie" honorable.

Interrogé sur FRANCE 24, Mustafa Gheriani, porte-parole du Conseil national libyen (CNL), instance dirigeante de l'opposition au régime, a fait état d'une "tentative [de négociation] non-officielle par le biais de l'un des anciens ministres" de Mouammar Kadhafi. "Il voulait essentiellement des garanties sur sa sécurité et celle de sa famille, et sur le fait que la Libye abandonne toute action légale contre lui après son départ, a-t-il indiqué. La position du Conseil est très claire : nous ne négocions pas avec Kadhafi, qui a le sang des Libyens sur les mains. Il sait où se trouve l'aéroport de Tripoli : tout ce qu'il a à faire est de partir."

L'opposition pourrait renoncer aux poursuites judiciaires

Une position en partie contredite, ce mardi, par Mustapha Abdeljalil, ancien ministre de la Justice et président du CNL. Selon lui, ce sont des avocats militants de Tripoli, et non des émissaires de Mouammar Kadhafi, qui sont à l'origine de ces tentatives de négociations. Le dirigeant libyen "n'a envoyé personne. Des gens se sont proposés comme intermédiaires pour arrêter le bain de sang", a-t-il affirmé à l'AFP.

Il a également appelé Mouammar Kadhafi à démissionner, puis à quitter le pays, en échange d'une immunité judiciaire : "Nous n'engagerons pas de poursuites pénales contre lui", a-t-il déclaré.

Le régime dément, lui, catégoriquement ces allégations. Dès lundi soir, les sources officielles qu'il utilise habituellement pour communiquer, contactées par les envoyés spéciaux de FRANCE 24 en Libye, réfutaient ces informations. "L'agence de presse libyenne ne confirme pas et le porte-parole du gouvernement, le docteur Moussa Ibrahim, parle même de plaisanterie", expliquait mardi matin Willy Bracciano, l'un des envoyés spéciaux à Tripoli.

"Une volonté apparente d'ouverture semble malgré tout se dessiner dans le camp Kadhafi. L'ancien Premier ministre s'est adressé hier aux rebelles à la télévision libyenne en leur proposant un dialogue national pour résoudre la crise."

Lors d'une interview dimanche à FRANCE 24, le leader libyen avait en tout cas exclu de quitter le pays. "Pourquoi partirais-je alors que je ne suis pas président ?", répétait-il alors.

Washington très réticent à l'idée d'une zone d'exclusion aérienne

À l'étranger, la communauté internationale continue de s'interroger sur la façon de mettre un terme aux violences, sans qu'aucune solution claire ne se dessine encore. Les appels à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, qui empêcherait de facto des raids visant les insurgés et la population, se font plus pressants : le Conseil de coopération du Golfe et l'Organisation de la conférence islamique (OCI) s'y sont déclarés favorables. La France et la Grande-Bretagne prévoient d'ailleurs de présenter cette semaine un projet de résolution en ce sens au Conseil de sécurité des Nations unies.

Le président américain Barack Obama a lancé, lui, lundi soir un avertissement aux collaborateurs de Mouammar Kadhafi, en les prévenant qu'ils devraient "rendre des comptes". Il a également répété que toutes les options - dont celle d'une intervention militaire - étaient sur la table.

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Kadhafi intensifie la contre-offensive et dément toute tentative de négociation

Pour les Américains, il est toutefois très clair que ce n'est pas à la Maison Blanche de prendre les décisions concernant une intervention en Libye, mais bien au Conseil de sécurité de l’ONU. "Il ne semble pas que l'on prenne le chemin du recours à la force à l'ONU, constate Philippe Gassot, correspondant de FRANCE 24 à Washington. (…) La zone d'exclusion aérienne pourrait permettre de contourner certains obstacles... Elle comporte évidemment une phase militaire car il faut détruire les aéroports, les radars, les tours de contrôle et éventuellement les avions qui se trouvent au sol, mais ça ne ressemble pas à un débarquement. Les Américains sont quand même très réticents : ils considèrent que cette option est très difficile à mettre en place et que les résultats ne sont pas garantis."

En attendant, les forces de Mouammar Kadhafi poursuivaient ce mardi ses raids près du port pétrolier de Ras Lanouf.