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L’hommage 2.0 à Serge Gainsbourg

Les fans de l’Homme à la tête de chou commémorent ce mercredi le 20e anniversaire de la mort de leur chanteur favori... sur Internet, forcément. Flashmob, Twitter, Facebook : tour d’horizon d’un hommage virtuel.

Quelques heures après avoir publié son papier dans le "Wall Street Journal" sur les 20 ans de la mort de Serge Gainsbourg, Andrew McKie a eu la surprise de recevoir un message d'éloge posthume du musicien. Sur Twitter, @SGainsbourg fait un lien vers l’article et ajoute : "C’est au sujet de moi bébé" (pour le tweet en français) et "You should all read this. About me." (pour le tweet en anglais).

Derrière ce "fake", procédé courant sur Twitter, une deuxième surprise : l’internaute n’est ni français ni francophone, mais britannique. Christopher Ross, 30 ans, travaille dans une maison d’édition à Manchester et se dit fasciné aussi bien par Gainsbourg le musicien que par Gainsbarre le trublion. Sur son compte Twitter, qu’il a créé en juillet 2009, il s’amuse à formuler en anglais la gouaille du badboy français, pour commenter l’actualité ("My UK friends ! This David Cameron of yours is a real cunt, yes?") et parler des dernières actualités liées au chanteur. "C’est divertissant et cela ne me demande pas beaucoup de travail, contrairement à un site web. C’est devenu beaucoup plus prenant que je ne le pensais au départ. Et jusqu’à ce jour et cet article sur France 24, très peu de personnes, pas même ma famille, savent que @SGainsbourg, c’est moi."

Preuve que les amoureux de la "Ballade de Melody Nelson" ne sont plus seulement des francophones : parmi son millier de "followers" figurent une majorité de jeunes Britanniques et Américains, une DJ japonaise, des internautes sud-américains... qui à leur tour, "tweetent" leur hommage à l’Homme à la tête de chou, se refilent les inédits et se donnent rendez-vous.

Flashmob et mur virtuel

Explosion de l’usage des réseaux sociaux oblige, c’est en effet par un flashmob qu’une soixantaine de "fanatiques" de Gainsbourg ont décidé de célébrer les 20 ans de la mort du chanteur parisien. L’invitation avait été lancée sur Facebook pour le 19 février dernier. Près de 500 personnes avaient répondu présentes. Le comité d’organisation fut même dépassé, et, la veille de l’événement, prit la décision de bloquer l’accès à la page. "Notre idée était d’apprendre une chorégraphie sur 'Requiem pour un con' et de tourner une vidéo qui marque la journée du 2 mars", explique Emmanuel Foissote, qui a coordonné le flashmob. Il ne fallait pas qu’il y ait trop de monde, la chorégraphie aurait été ingérable… Et finalement, la météo était si mauvaise qu’elle a dissuadé beaucoup de monde de venir !". Ce Parisien âgé de 38 ans dirige la maison de production At-Work, spécialisée dans les clips vidéos. Celui-ci, promet-il, n’a aucune visée commerciale.

Emmanuel Foissote est aussi le créateur du site gainsbarre.com, créé en 1997, au tout début de l’explosion d’Internet en France. C’est devenu depuis un blog sur les dernières actualités qui concernent le créateur de "Je t’aime, moi non plus". Il compte "entre 200 et 500 visiteurs par jour". Les visiteurs sur son site, pourtant rédigé exclusivement en français, proviennent de France, de Belgique, des États-Unis, du Canada, de Suisse, d’Allemagne, d’Espagne, du Royaume-Uni, d’Italie et enfin, du Japon… "Pour les 10 ans de la mort de Gainsbourg en 2001, on avait fait 15 000 visites. Maintenant que l’usage d’Internet s’est démocratisé, je m’attends à un gros pic de visite ce 2 mars !", espère-t-il. La publicité sur son blog pour se faire de l’argent ? Il dit l’avoir refusée jusqu’à aujourd’hui.

Autre hommage uniquement sur le Web, une application du site Owni (app.owni.fr/gainsbourg/) propose d’apposer virtuellement un mot sur le mur de l’ancien domicile du chanteur, rue de Verneuil, à Paris - lui-même recouvert (dans la réalité) de graffitis de fans. Sur Twitter, un internaute (@pasomy) se vante d’y avoir écrit un texte osé et se demande s’il va être publié… L’esprit Gainsbarre vit encore sur la Toile.