
L'opposition au colonel Mouammar Kadhafi gagne du terrain en reprenant le contrôle de villes proches de Tripoli. Mais elle doit également préparer la transition : c'est l'ambition du Conseil national de transition, formé à Benghazi.
La guerre d’usure entre la rue libyenne et Mouammar Kadhafi continue, mais l’opposition semble désormais en position de force. Celle-ci est désormais maîtresse d’une dizaine de villes dans le pays, dont Nalout (à 230 km à l'ouest de Tripoli) ou Al-Zaouiyah (à 60 km à l'ouest de la capitale), tombées ce lundi aux mains des insurgés et des principaux champs de pétrole. Au 15e jour d'un soulèvement sans précédent, le colonel libyen et ses forces ne contrôlent plus que Tripoli et sa proche région.
Fort de ces nouvelles victoires, Benghazi, principal fief des insurgés, commence à travailler sur l'après-Kadhafi en préparant la transition politique. Dimanche déjà, lors d’une conférence de presse, les dirigeants de la contestation libyenne ont affirmé avoir mis en place un Conseil national de transition destiné à regrouper des représentants de toutes les villes tombées aux mains de l’insurrection. Dans le détail, les tenants et aboutissants de cette instance restent à déterminer.
Une première tentative pour fédérer les opposants
C’est devant un parterre d’une cinquantaine de journalistes internationaux qu’Abdelhafez Ghoqa, le porte-parole de ce Conseil, a ainsi exposé l’objectif de cette nouvelle entité politique. "La création d'un Conseil national vise avant tout à donner un visage politique à la révolution", a-t-il déclaré. Sa composition et son rôle exact dans la vie quotidienne des Libyens sont encore mal définis.
"Ce conseil sera formé par des notables, des juges, des avocats, mais rien n’est encore vraiment organisé", explique Cyril Vanier, un des envoyés spéciaux de FRANCE 24 à Benghazi. "Ce n’est pas un parti politique", ajoute-il, "Tout ce que nous savons, c’est que ce conseil veut affecter des membres, issus du peuple, à chaque secteur de la vie libyenne, la santé, l’économie… dans chaque ville indépendante".
Pour l'heure, l’opposition ne dispose d’aucune structure politique pour contrebalancer le pouvoir en place. Ce Conseil a donc rejeté la proposition de l’ancien ministre de la Justice, Moustapha Abdel Jalil, de créer un gouvernement de transition chargé d’organiser des élections libres, estimant que le projet était totalement prématuré. Il a toutefois été ferme sur un point : le conseil de transition exclut toute tentative de négociation avec le colonel. "Trop de sang a coulé, trop de droits humains ont été violés", a déclaré le porte-parole.