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L'Islande : l'île de la dépression

Depuis l'effondrement de l'économie islandaise cet automne, emportée par la crise des subprimes et le blocage du crédit, des milliers d'Islandais n'ont cessé de manifester pour finalement obtenir la démission de leur gouvernement.

La situation s’est envenimée en Islande. Depuis l’automne 2008, de plus ne plus d’habitants ont manifesté leur mécontentement à l’encontre de leur gouvernement, qui a fini par démissionner le 26 janvier.

Les 300 000 habitants de l’île vivent dans un sentiment de honte. Cette nation, si prospère lors de la dernière décennie, se retrouve aujourd’hui obligée de survivre grâce au Fonds monétaire international (FMI). La chute du cours de la couronne, la monnaie locale, laisse entrevoir des jours sombres aux nombreux débiteurs. Ils se retrouvent surendettés, car en Islande, les crédits sont indexés sur des devises étrangères.

Mattias Kristiansson est charpentier. Il a souscrit à un crédit pour sa maison. "Les crédits ont commencé à fortement augmenter. On ne sait même plus quelle est la part que l'on possède de notre maison. Avant la crise, on en avait payé environ la moitié. C’était correct pour notre foyer. Maintenant, on n’en possède plus que 10% et on ne sait pas comment cela va se terminer " se lamente-t-il.

Des infractions commises au sein même des institutions ?

Pour Johan Asgrimson, ancien comptable de Landesbanki, l’une des banques nationales, des infractions sont commises au sein même des institutions. Mis à la porte parce que, selon lui, il en savait trop, il témoigne de certaines pratiques illicites dans les établissements. "Quand vous prenez un ancien cadre de la banque Landesbanki, travaillant dans la branche internationale et que vous le nommez responsable des contrôles, cela veut dire que vous le chargez de vérifier ce que lui-même et ses collègues ont fait. C’est une violation des directives nationales et internationales du système bancaire. C’est très grave, mais les autorités financières ne font rien et les politiciens ne comprennent pas que le problème n’est pas simplement financier, mais aussi structurel", explique-t-il.

Il existe pourtant quelques secteurs pour lesquels la situation financière du pays a tourné à l’avantage. La pêche, qui représente moins de 6% du PIB, bénéficie de la crise - les exportations se faisant en euros. Avec un taux de change favorable, les pêcheurs ne veulent pas entrer dans l’Union européenne, contrairement au reste de la population.

"Nous nous sommes battus pour maximiser la valeur de la pêche et nous adapter à un système de quotas. Maintenant, au moment où le pays va vraiment mal et que les banquiers ont mené le pays à la faillite, on nous demande de rentrer dans l’UE. Une fois de plus, les pêcheurs vont souffrir. On a déjà assez souffert et s’ils changent le système, ce sera n’importe quoi", déplore Sigurlaugur Rafnsson, pêcheur islandais.

Le réveil d'une société d'ordinaire consensuelle

L’impact de la crise économique a provoqué la montée au créneau d’une société d’ordinaire plutôt consensuelle. Des jeunes familles tout juste installées aux retraités, c’est toute une nation qui se sent trahie par un gouvernement qui leur avait vendu un rêve à crédit.

Les prévisions pour 2009 ne sont guère enthousiasmantes. La croissance devrait diminuer de 10% et le chômage toucher un dixième de la population : une situation sans précédent en Islande.

En attendant les élections anticipées du 9 mai, c’est un gouvernement de transition qui va devoir mener la contre-attaque. Les fronts sont nombreux  : création d’emplois, assistance aux familles insolvables, faire rester une jeunesse qui préfère s’exiler... Mais sa plus grande bataille sera sans doute de regagner la confiance de 300 000 Islandais désillusionnés.