Le président Hosni Moubarak a quitté le pouvoir après 18 jours d’une mobilisation sans précédent dans l'histoire de la République arabe d'Égypte. Retour sur les évènements qui ont conduit à la chute du "raïs".
Il est un peu plus de 18 heures au Caire, ce vendredi 11 février, quand la télévision d'État égyptienne interrompt ses programmes pour diffuser une annonce historique. Par la voix de son vice-président, Omar Souleimane, le "raïs" annonce à la nation qu’il a abandonné ses fonctions présidentielles. Immédiatement, la place Tahrir ("Libération", en français) du Caire, devenue le haut lieu de la contestation contre le régime depuis le 25 janvier, exulte.
itUn peu plus tôt dans l’après-midi, le Parti national démocratique (PND), la formation politique du président, avait annoncé que Hosni Moubarak et sa famille avaient quitté Le Caire pour rejoindre la station balnéaire Charm el-Cheikh, où ils disposent d’une villa.
Il aura fallu 18 jours d'une mobilisation sans précédent pour que le vieux "raïs", âgé de 82 ans, se résigne à lâcher les rênes. Depuis le 25 janvier, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues du Caire pour dénoncer leurs conditions de vie et réclamer le départ du président Moubarak.
Gestes insuffisants
Le 31 janvier, le chef de l’État tente alors d'apaiser la grogne populaire en promettant des réformes. Il nomme également un nouveau Premier ministre, le général Ahmed Chafik, et un vice-président, le général Omar Souleimane.
Mais ces mesures ne satisfont pas la rue. Le lendemain, plus d'un million de personnes défilent dans les rues de la capitale égyptienne. Au soir de cette nouvelle marche, Hosni Moubarak annonce qu'il ne se présentera pas à la prochaine présidentielle, prévue en septembre 2011, mais qu'il restera en fonction jusqu’à cette échéance.
"Je peux le dire en tout honnêteté et sincérité, au regard des circonstances actuelles, je n'ai jamais eu l’intention de me porter candidat pour un autre mandat. J'ai déjà consacré suffisamment de mon temps à l’Égypte et à son peuple", avait-il alors déclaré.
La bataille de la place Tahrir
Le 2 février, des partisans du président chargent les manifestants installés sur une place Tahrir transformée en champ de bataille. Les journalistes étrangers sont traqués dans les rues de la capitale.
Mais la ferveur ne faiblit pas. Le vendredi 4 février, décrétée "Journée du départ" par les manifestants, des centaines de milliers de personnes descendent une nouvelle fois dans les rues.
Le "raïs" ne cède toujours pas. Tout juste fléchit-il un peu en tendant la main à la puissante organisation islamiste des Frères musulmans, principale force d'opposition et bête noire du régime.
Sur la place Tahrir ("Libération"), les jours se suivent et se ressemblent. Jeudi 3 février, à l'issue d'une énième journée de mobilisation massive, la rumeur de la démission de Hosni Moubarak se répand comme une trainée de poudre.
Le "raïs" s'accroche
Lors d’une allocution télévisée, le président délègue, à la surprise générale, ses pouvoirs au vice-président Souleimane, mais refuse toujours de démissionner.
"Je sais bien que l'Égypte va surmonter cette crise et que sa volonté sera intacte", déclare-t-il, tout en répétant qu'il ne céderait pas "aux injonctions de l'étranger". Les manifestants présents sur la place Tahrir sont furieux. Ils brandissent leurs chaussures, insulte suprême dans le monde arabe.
Le "raïs" résiste encore 24 heures et finit par céder. Ce vendredi, l'Égypte ouvre une nouvelle page de son histoire après 30 ans de règne sans partage.