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François Léotard témoigne devant la justice sur l'affaire de Karachi

Ancien ministre de la Défense d'Edouard Balladur lors de l'affaire de l'attentat de Karachi en 2002, François Léotard doit livrer ce lundi un témoignage clé devant la justice. Il maintient que l'arrêt des commissions a été l'élément déclencheur.

AFP - L'ancien ministre de la Défense, François Léotard, va témoigner ce lundi devant le juge Marc Trévidic de ses convictions sur les circonstances de l'attentat de Karachi en 2002, qu'il lie à l'arrêt du versement de commissions décidé par Jacques Chirac et à un contrat avec l'Inde.

M. Léotard fut un homme clé, en tant que ministre de la Défense d'Edouard Balladur, des négociations du contrat franco-pakistanais Agosta de vente de sous-marins en 1994, sur lequel Jacques Chirac a ordonné l'arrêt du versement de commissions dès son arrivée à l'Elysée en 1995.

Dans une tribune publiée dimanche par Rue89, l'ancien ministre affirme que "l'attentat de Karachi a été directement provoqué par deux éléments qui se sont conjugués": "l'arrêt des commissions" et "la vente à l'Inde par le gouvernement français de sous-marins plus performants que ceux qui avaient été livrés au Pakistan auparavant, contrairement aux engagements pris".

Selon lui, Jacques Chirac, Dominique de Villepin (alors secrétaire général de l'Elysée) et Charles Millon (ministre de la Défense) ont fait preuve d'une "grande légèreté" en stoppant ces commissions.

L'ancien ministre, entendu en décembre 2009 par la mission parlementaire sur l'attentat de Karachi, avait donné son "sentiment personnel" d'un lien entre l'arrêt de ces commissions et l'attaque ayant coûté la vie à 11 salariés de la Direction des constructions navales (DCN) le 8 mai 2002.

Le juge Trévidic a réorienté en 2009 ses investigations vers la piste de représailles à la suite de commissions non versées.

Le ministre pourrait aussi fournir un éclairage sur les éventuelles rétrocommissions à des personnalités politiques, des témoignages au dossier évoquant le financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. Devant les parlementaires, M. Léotard avait écarté l'existence de malversations financières, assurant qu'"Edouard Balladur était intransigeant sur le respect de la légalité et des procédures".

Parallèlement, la cour d'appel de Paris se prononce lundi sur la légitimité des victimes de l'attentat à se constituer parties civiles dans les investigations financières du juge van Ruymbeke.