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Les États-Unis souhaitent "une transition en bon ordre"

Washington continue de modifier son discours sur la crise qui secoue l'Égypte. Après avoir appelé à la retenue des forces de l'ordre, la secrétaire d'État aux affaires étrangères Hillary Clinton a évoqué dimanche une "transition".

Les États-Unis ont franchi un pas dimanche en appelant à "une transition en bon ordre" en Égypte, tout en excluant pour l'heure de suspendre l'aide à leur allié, illustrant à nouveau le délicat exercice d'équilibrisme auquel se livre Washington dans cette crise.

"Nous souhaitons voir une transition en bon ordre. Nous demandons instamment au gouvernement Moubarak, qui est toujours au pouvoir (...), de faire ce qui est nécessaire pour faciliter ce genre de transition", a déclaré sur la chaîne CBS Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine.

"Bien sûr que non", a-t-elle répondu plus tôt à une journaliste de la chaîne ABC qui lui demandait si les changements du personnel politique annoncés ce week-end par le président Hosni Moubarak étaient suffisants.

"C'est à peine le début de ce qui doit se passer", a-t-elle dit, à savoir "un processus menant à des mesures concrètes pour aboutir aux réformes démocratiques et économiques", à travers l'instauration d'un "dialogue national".

Le président Barack Obama a de son côté téléphoné aux Premiers ministres turc Recep Tayyip Erdogan, israélien Benjamin Netanyahu et britannique David Cameron ainsi qu'au roi Abdallah d'Arabie saoudite pour connaître leur sentiment sur la situation.

Il leur a expliqué la position américaine en faveur d'une "transition vers un gouvernement répondant aux aspirations du peuple égyptien", a indiqué la Maison Blanche.

Le discours de l'administration Obama va au-delà des appels à "la retenue" des forces de l'ordre émis jusqu'à présent par Washington et réitéré dimanche.

Mme Clinton a néanmoins assuré sur CNN que l'administration Obama ne faisait "pas campagne pour quelque issue politique que ce soit". Elle a ensuite précisé à des journalistes que les Etats-Unis "ne veulent" pas que la crise débouche sur un nouveau régime qui encouragerait "la violence et le chaos".

Elle a aussi fait de la pédagogie sur l'importance de l'alliance américaine avec l'Egypte, en particulier en faveur de la paix au Proche-Orient.

"À l'heure qu'il est, il n'y a aucune discussion concernant une suspension de quelque aide que ce soit", a-t-elle souligné sur ABC.

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Mohamed el-Baradei rejoint les manifestants place Tahrir (30/06)

L'Égypte est un des grands bénéficiaires de l'aide américaine, avec quelque 1,3 milliard de dollars d'aide militaire par an, et vendredi, la Maison Blanche avait indiqué que les Etats-Unis pourraient revoir cette assistance en fonction de la réponse du régime aux manifestations.

Mais en appelant à une démocratisation en Égypte tout en continuant de soutenir le président Moubarak, les États-Unis perdent leur "crédibilité", a dénoncé sur CBS l'opposant égyptien Mohamed el-Baradei, chargé par l'opposition, dont les Frères musulmans, de négocier avec le régime.

À en croire le chercheur Jon Alterman, "les États-Unis ne peuvent pas faire grand-chose". Washington marche sur la corde raide "pour ne pas abandonner un allié de 30 ans, sans tourner le dos à la rue et aux exigences légitimes des manifestants", résume cet expert du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS).

Les stratèges de la diplomatie américaine, croit encore savoir M. Alterman, jugent qu'un changement pacifique en Égypte pourrait déboucher sur un gouvernement de consensus, tandis que la violence "mènerait probablement (...) à une radicalisation".

Stephen Cook, un analyste du Conseil des affaires étrangères (CFR) qui a suivi les événements sur place au Caire, souligne par ailleurs l'indifférence de la rue égyptienne envers la position de Washington dont "les appels aux réformes paraissent complètement dépassés".

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