Un remaniement du gouvernement de transition est attendu dans les prochains jours afin de pourvoir les postes vacants et de calmer la colère de la rue. Les Tunisiens réclament un gouvernement délesté des caciques du régime de Ben Ali.
AFP - Un remaniement ministériel en Tunisie est imminent, "peut-être d'ici demain", a annoncé à l'AFP le porte-parole du gouvernement de transition Taieb Baccouch, tout en se prononçant "à titre personnel" pour le maintien des ministres qui ont servi sous Ben Ali et dont la rue exige le départ.
"Il ne faut pas oublier qu'il y a des postes non pourvus", a-t-il déclaré dans un entretien accordé à des journalistes de l'AFP, rappelant que cinq ministres ont démissionné la semaine dernière: trois syndicalistes, un opposant et un membre de l'ancien parti au pouvoir le Rassemblement constitutionnel tunisien (RCD).
it"Peut-être qu'il va y avoir de nouvelles démissions. Donc il y aura un minimum de six, sinon plus, postes à pourvoir, et cela va nécessiter forcément un remaniement ministériel, d'ici peut-être demain", a ajouté M. Baccouch, une personnalité indépendante issue syndicalisme qui est également ministre de l'Education.
"Des contacts sont en cours", a-t-il poursuivi sans plus de précisions.
M. Taieb a exclu que, si d'autres démissions se produisent au sein du gouvernement d'union nationale formé lundi dernier par le Premier ministre sortant Mohamed Ghannouchi, elles seront le fait de ministres de l'opposition. Car ces derniers "sont déterminés à continuer", a-t-il dit.
Ces éventuelles démissions relèveraient de l'ordre de la "décision individuelle" et non "de pressions", a-t-il assuré.
Craignant de se faire confisquer leur révolution, des milliers de manifestants exigent chaque jour depuis une semaine la formation d'un nouveau gouvernement débarrassé des caciques du régime déchu du président Ben Ali, sept au total, qui y détiennent les postes-clés de l'Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères ou des Finances.
"Les ministres de l'ancien parti au pouvoir ne sont pas majoritaires, ils sont minoritaires dans le gouvernement", et les autres membres de l'exécutif provisoire ont accepté de siéger avec eux "en pensant qu'une continuité de l'Etat est nécessaire", a ajouté M. Taieb.
"L'essentiel, ce n'est pas la présence de certains ministres qui ont travaillé sous Ben Ali, mais plutôt de concrétiser des revendications populaires, de la société civile, des forces démocratiques"..
Le porte-parole du gouvernement de transition s'est dit "personnellement" favorable au maintien de membres du régime du président Ben Ali, au nom de l'efficacité de l'action gouvernementale.
"Personnellement je suis pour le maintien des compétences technocratiques parce que leur appartenance au parti (RCD), est purement formelle. Ce ne sont pas des politiques. Et donc leur présence est absolument nécessaire pour la continuité, surtout sur le plan de la poursuite de l'activité économique", a-t-il déclaré.
M. Taieb a également mis en garde les protestataires les plus radicaux contre le risque de "vide institutionnel".
"La révolution tunisienne, c'est une véritable révolution populaire, elle est pacifique, à la Tunisienne, et ce serait dommage qu'elle débouche sur la violence ou le chaos. Elle serait complètement dénaturée", a-t-il dit.
"S'il y a des forces politiques de l'intérieur ou des ingérences extérieures, mêmes discrètes, pour faire avorter cette révolution, ce serait une grande perte, pas seulement pour le pays mais pour le monde", a-t-il poursuivi.
Il a cité l'exemple de l'Irak où l'"on a démantelé toutes les institutions de l'Etat, avec le résultat vous connaissez, le chaos et la guerre civile".
Les Tunisiens feraient mieux de s'inspirer de l'ex-président sud-africain Nelson Mandela, qui "a eu la sagesse de tourner la page en exigeant simplement une reconnaissances des fautes" du régime ségrégationniste de l'apartheid, a-t-il plaidé.