Le monde sportif a largement pris part au déferlement de Twitter pour le meilleur et pour le pire. Les agences de communication et les clubs cherchent des solutions pour éviter couacs et erreurs de jugement des sportifs qui s’essaient à l’exercice.
Un joueur de Liverpool qui reçoit 10 000 livres d’amende pour avoir posté sur Twitter l’image truquée d’un arbitre ; le gardien de Saint-Étienne qui traite un commentateur radio de "connard"… Voici les derniers exemples de dérapages non contrôlés de sportifs sur les sites sociaux, qui ont fait la une de la presse spécialisée.
Si en France, les clubs de sport professionnels ne mesurent pas encore réellement l’ampleur du phénomène, en Angleterre, aux États-Unis et plus largement dans les pays anglo-saxons, des mesures de contrôle sont mises en place avec plus ou moins de succès.
"Les footballeurs ne reçoivent pas de formation adéquate"
Le cas de Ryan Babel, attaquant de Liverpool, est un des exemples classiques de dérapage que l’on retrouve sur les réseaux sociaux, où les joueurs semblent oublier qu’ils s’adressent à un public. À l’issue d’un match de la Coupe d’Angleterre, le 9 janvier, entre Liverpool et Manchester United (0-1), le joueur avait fait un montage d’une photo de l’arbitre international anglais Howard Webb arborant un tee-shirt de Manchester orné du commentaire : "Et on dit que c'est un des meilleurs arbitres ? C'est une plaisanterie !"
Webb avait accordé un pénalty contesté, et expulsé Steven Gerrad, le capitaine des Reds, coûtant une possible victoire à son équipe. Suite à cette affaire largement relayée dans les médias anglais, la Fédération anglaise de football (FA) l’a sanctionné d’une amende de 10 000 livres pour diffamation. Le président de la commission, Roger Burden, a considéré que "les commentaires (sur ces réseaux) touchent un large public, de la même manière que s'ils étaient faits sur d'autres médias."
Dans ce cas comme dans d’autres, les professionnels de la communication déplorent l’absence de responsabilité des sportifs et de leurs clubs. "L’enjeu ici est que les sportifs soient formés, de manière appropriée et par des professionnels, à communiquer et à répondre aux différents médias," explique Paul Mace, directeur de l’agence de communication britannique spécialisée dans le sport, Macesport. Nous représentons Robbie Savage (ancien joueur de Manchester United, NDLR). 146 000 abonnés le suivent sur son compte Twitter qu’il met lui-même à jour. (…). Aujourd’hui dans trop de cas, les footballeurs ne reçoivent pas de formation adéquate par leur agent ou par leur club".
"Le contrôle a priori des tweets"
Ce qui est le cas de Jérémie Janot. Gardien de but de Saint-Étienne en Ligue 1, @jeremiejanot communique de façon très libre sur son compte Twitter, jusqu'à insulter Jean-Michel Larqué, ex-joueur de Saint-Étienne et commentateur sur RMC Sport. Après le match de Saint-Étienne perdu contre Lens (2-1), Larqué s’était permis quelques critiques à l'égard du gardien. Mardi, le joueur lui a adressé un message peu diplomate qui provoque déjà des vagues sur la Toile : "J'espère de tout cœur ne pas lui ressembler après ma carrière, mais il n’y a pas de risque je ne suis pas un connard." Twitter spontané mais jusqu'où ?
Pour Olivier Spaeth, rédacteur pour le site Socialsport.fr, ce genre de bévues, plus ou moins voulues, est voué à la banalisation à mesure de l'utilisation des médias sociaux par les sportifs. Les solutions, elles, sont moins nombreuses, prévient-il : "À part l'interdiction [de tweeter] (avec sanction financière à l'appui) par les clubs, je ne vois que deux solutions permettant d'éviter les erreurs de communication : la formation des joueurs ou le contrôle a priori des tweets par la cellule communication du club ou une société extérieure. Encore faut-il une solution technique le permettant, sans perdre l'interactivité et la rapidité de Twitter," commente Olivier Spaeth. Une solution folle est également avancée par Arsène Wenger, entraineur du club londonien d’Arsenal : "la clé est peut-être de réfléchir avant de tweeter." C’était pourtant si simple…