, envoyé spécial à Tours – Les adhérents du parti frontiste ont vraisemblablement choisi Marine Le Pen pour succéder à son père à la tête du FN. En attendant la proclamation officielle des résultats, les militants commentent cette annonce anticipée. Reportage.
La nouvelle n’a échappé à personne à Tours. Marine Le Pen a été élue avec une majorité confortable à la présidence du Front national. Cette information, relayée dès ce samedi par les médias, aurait dû rester secrète. La majorité des adhérents et des militants du parti de Jean-Marie Le Pen, qui ont afflué vers le centre des congrès de la capitale tourangelle pour le XIVe Congrès du Front national, savent pourtant très bien à quoi s’attendre.
Sur place, les sympathisants de Marine Le Pen, venus en masse, affichaient déjà leur satisfaction. "Si elle se confirme, l’élection de Marine sera une bonne nouvelle non seulement pour notre mouvement et pour la France", déclare à france24.com David Rachline, coordinateur du Front national jeunesse (FNJ). Selon le Figaro, elle aurait même battu son concurrent Bruno Gollnisch avec 67% des voix. Mais officiellement, la proclamation du résultat des votes des adhérents doit être prononcée ce dimanche. Ce qui n’empêche pas ce jeune conseiller régional et municipal qui travaille depuis 2006 avec la benjamine de la famille Le Pen, âgée de 42 ans, d’afficher sa confiance : "Elle a le feu sacré, elle a créé une dynamique qui peut enfin mener le parti à la victoire."
Une victoire non officielle, mais acceptée par tous
Annik Houyez-Mauriez, une militante frontiste sarthoise de longue date, est d'accord avec David Rachline. "Marine Le Pen a l’âme d’un chef, je suis certaine qu’elle œuvrera pour fera entendre les idées du Front national, elle qui a déjà commencer à rassembler les Français autour de son projet", déclare-t-elle.
Le Congrès s’est donc ouvert dans une salle quasiment comble et sous le regard de "plusieurs centaines de journalistes", selon les organisateurs. Après quelques discours d’officiels du parti, le chef suprême du parti s’est exprimé une première fois, alors que son nom était chaleureusement acclamé par les militants.
"Je passe le relais avec une immense fierté", après "un dernier mandat qui aura été celui de la pugnacité, du renouveau de la transition et de la fierté du Front national", a-t-il dit. Le Pen s’est félicité de la "dignité" de la campagne interne et du processus électoral de son parti, brocardant au passage les autres partis politiques français. "Contrairement au Parti socialiste, nous ne bourrons pas les urnes, et nous ne procédons pas à des désignations arbitraires comme à l’UMP", a-t-il expliqué. Il compte sur son successeur pour mener le Front national "au pouvoir", a-t-il lancé.
Le président du FN, "pour une journée encore", doit prononcer un discours d’adieu dans l’après-midi, "pas un adieu définitif, un adieu à la présidence", a-t-il conclu.
"Une déception mesurée" pour Bruno Gollnisch
Grand perdant du Congrès, et souvent présenté comme l’eternel dauphin du "Menhir", Bruno Gollnisch a implicitement reconnu sa défaite en laissant entendre, dès son arrivé à Tours, que la campagne avait été biaisée par le battage médiatique dont a bénéficié sa rivale. "Cela n’enlève rien au mérite de Marine, qui a par ailleurs d’autres talents que son patronyme", a-t-il précisé.
Venue d’un petit village de la Vienne, Marie, 26 ans, affiche de son côté "une déception mesurée". Cette militante pro-Gollnisch regrette la défaite annoncée "d’un homme simple, proche des gens et doté d’une culture immense". Si elle reconnaît les "bons scores" de Marine Le Pen, elle affirme ne pas savoir où cette dernière "compte emmener le parti".