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L'ETA s'engage une nouvelle fois à déposer les armes

Après 40 années d'activisme qui aurait coûté la vie à plus de 800 personnes, l'organisation séparatiste basque a déclaré un cessez-le-feu "permanent" et "général". En septembre, le groupuscule avait déjà promis de ne plus "mener d'actions armées".

AFP - Le groupe basque armé ETA qui n'a pas commis d'attentat depuis 17 mois, a annoncé lundi un cessez-le-feu "permanent" et "vérifiable", comme réclamé par sa vitrine politique Batasuna, que le gouvernement espagnol a jugé "clairement" insuffisant.

"L'ETA a décidé de déclarer un cessez-le-feu permanent et de caractère général qui puisse être vérifié par la communauté internationale", a indiqué l'organisation clandestine dans un communiqué publié sur le site internet du journal indépendantiste basque Gara.

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"Il manque un mot dans le communiqué..."
L'ETA s'engage une nouvelle fois à déposer les armes

L'annonce --accompagnée d'une vidéo montrant trois personnes encagoulées, derrière l'emblème traditionnel de l'organisation avec un serpent et une hache-- représente un "engagement ferme de l'ETA en faveur d'un processus de solution définitive et de la fin de la confrontation armée", selon ce communiqué.

Le numéro deux du gouvernement, Alfredo Perez Rubalcaba a rejeté comme insuffisant cette déclaration qui n'est "clairement pas" ce que "la société espagnole espérait".

"Cela n'est pas une mauvaise nouvelle mais ce n'est pas La nouvelle", a-t-il estimé. "Nous avons insisté à de nombreuses reprises sur le fait que le seul communiqué que nous voulions lire est celui dans lequel l'ETA annonce la fin, de manière irréversible et définitive", a martelé le ministre, maître d'oeuvre d'une politique de lutte sans concession contre le groupe armé.

"Il est évident qu'aujourd'hui, une fois de plus, l'ETA n'a pas fait ce que nous espérions", a déploré le ministre. "L'ETA prétend toujours mettre un prix à la fin de la violence" en posant des conditions à la fin de sa lutte armée, a-t-il ajouté.

Le responsable a aussi rejeté l'idée d'une "vérification internationale" du cessez-le-feu. "Dans un Etat de droit, ce sont les forces de sécurité qui vérifient" un cessez-le-feu, a-t-il expliqué.

Responsable de la mort de 829 personnes en plus de quarante ans d'attentats pour l'indépendance basque, l'ETA était depuis plusieurs mois sous la pression de son bras politique interdit Batasuna pour annoncer un "cessez-le-feu".

Cherchant à revenir dans le jeu politique légal, Batasuna avait annoncé fin novembre la création à venir d'un nouveau parti rejetant "l'usage de la violence" dans l'espoir d'être autorisé à concourir pour les élections locales de mai 2011.

Depuis plusieurs mois, ce mouvement (interdit depuis 2003 par la justice espagnole) pressait l'ETA d'annoncer "un cessez-le-feu permanent, unilatéral et vérifiable par la communauté internationale".

L'ETA, dont le dernier attentat sur le sol espagnol remonte au 9 août 2009, avait déjà fait une série d'annonces en septembre 2010 allant dans le sens d'une suspension de la lutte armée.

Mais ces déclarations avait été jugées insuffisantes par Batasuna et rejetées sans ménagement par le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero, échaudé par la fin sanglante du précédent "cessez-le-feu permanent", avec deux morts dans un attentat à l'aéroport de Madrid en décembre 2006.

Pour le spécialiste de l'ETA, Florencio Dominguez, le communiqué du groupe armé "cherche à donner un peu d'air à Batasuna" alors que l'organisation clandestine "n'envisage pas un abandon des armes". Interrogé par l'AFP, cet expert juge en outre qu'une vérification internationale du cessez-le-feu sera impossible à mettre en pratique.

Pour Gorka Landaburu, spécialiste de la question basque et directeur de l'hebdomadaire Cambio 16, cette annonce constitue "un pas en avant important (...) mais pas définitif" alors que "ce que la grande majorité de la société basque et espagnole souhaite est que l'organisation se dissolve et disparaisse".