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Sanglante répression d'une manifestation de l'opposition à Arusha

Une manifestation du principal parti d'opposition tanzanien a été violemment dispersée par la police à Arusha, dans le nord du pays. Au moins deux personnes ont été tuées et neuf autres blessées. Les responsables du Chadema ont été arrêtés.

AFP - Deux personnes ont été tuées et neuf blessées mercredi à Arusha (nord de la Tanzanie) au cours d'une manifestation, dispersée par la police, du principal parti de l'opposition dont les responsables ont été interpellés, a-t-on appris jeudi de source policière.

"Deux personnes qui avaient été blessées par balles sont mortes après avoir été hospitalisées", a déclaré jeudi au cours d'une conférence de presse le commandant de la police dans la province d'Arusha, Tobias Andengenye.

"Il y a actuellement 9 blessés, dont 3 policiers", a poursuivi M. Andengenye, qui s'exprimait en kiswahili.

Selon ce responsable, la police a procédé à 49 interpellations parmi les responsables et militants du Chadema, dont celle de Wilbrod Slaa, candidat malheureux à l'élection présidentielle du 31 octobre 2010 remportée par le chef de l'Etat sortant Jakaya Kikwete.

Des milliers de partisans du parti Chadema s'étaient rassemblés mercredi dans le centre d'Arusha pour dénoncer la réélection qu'ils estiment "frauduleuse" du président Kikwete et la "corruption" au sein de son régime.

La police avait ouvert le feu pour disperser les manifestants qui tentaient de marcher vers le commissariat où avaient été emmenés les responsables du parti arrêtés.

Outre l'arrestation de M. Slaa, le chef de la police provinciale a confirmé l'interpellation de son épouse Josephine, qui figure parmi les blessés, et du président du Chadema, le député Freeman Mbowe.

"Ils sont passés outre l'autorisation que nous leurs avions donnée", a justifié M. Andengenye, expliquant que les manifestants étaient uniquement autorisés à faire un meeting.

"Ils ont tenté d'envahir les bureaux de la police pour libérer ceux qui venaient d'être arrêtés", a-t-il ajouté, précisant que les dossiers des personnes interpellées seraient transmis aux services chargés des poursuites.

Selon le principal quotidien du pays Citizen, des journalistes ont été également sévèrement battus par les policiers alors qu'ils couvraient la manifestation, dont le correspondant de ce journal à Arusha.

Jeudi matin, des éléments de la police anti-émeutes patrouillaient dans la petite ville d'Arusha, qui abrite le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) et le secrétariat général de la Communauté d'Afrique de l'est (EAC).

Les voies d'accès aux bureaux de la police restaient encore bloquées par les forces de l'ordre, mais les gens vaquaient normalement à leurs occupations, a constaté le correspondant de l'AFP à Arusha.

Le président tanzanien, Jakaya Kikwete, 60 ans, a été réélu avec 61% des suffrages, pour un second mandat de cinq ans à l'issue des élections générales du 31 octobre qui avaient toutefois été marquées par une poussée au Parlement de l'opposition.

Wilbrod Slaa, dont le parti avait fait le plein des voix dans les grands centres urbains du pays, dont Arusha, avait alors dénoncé des fraudes et demandé, en vain, un recompte des voix.

Mercredi, avant d'être interpellé, il avait lancé devant la foule: "Pourquoi ne quittez-vous pas la présidence, M. Kikwete?".