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Ouverture à Paris du procès de huit "gangsterroristes" présumés

Huit hommes accusés d'avoir voulu financé les réseaux d'Al-Qaïda avec le butin d'un braquage comparaissent à Paris, devant une cour d'assises spéciale, composée uniquement de magistrats professionnels.

REUTERS - Le procès de huit hommes soupçonnés d’avoir voulu financer la cause islamiste par des attaques à main armée en France au milieu de l’année 2000 s’est ouvert lundi devant une cour d’assises spéciale a Paris.

Ce procès, qui doit durer un mois devant une cour uniquement composée de magistrats professionnels, illustre pour l’antiterrorisme français les liens entre l’islamisme et le grand banditisme. Il survient alors que le gouvernement a fait état, ces derniers mois, d’un risque d’attentat terroriste.

Démantelé en 2005, le groupe, composé de deux Français, d’un Franco-algérien, d’un Algérien et de quatre Tunisiens, a, selon l’accusation, été formé après des contacts en détention et ses chefs étaient en liaison avec des dirigeants d’Al Qaïda.

Son principal responsable serait le Franco-algérien Ouassini Cherifi, 36 ans, qui, à sa sortie de prison après une première peine pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, aurait entrepris de former un gang pour financer la guerre sainte en Irak.

La défense conteste toute implication des accusés dans l’islamisme radical et déplore que quatre des huit hommes comparaissent après avoir purgé cinq ans de détention provisoire.

“Il y a des amalgames qui sont faits, puisqu’on lie ce dossier au réseau Al Qaïda, alors même à mon sens que vous n’avez aucun lien de ce point de vue-là”, a dit à Reuters Me Michel Hadji, un des avocats des accusés.

“Ce qui est grave, c’est qu’on a une détention provisoire de cinq ans (...) pour beaucoup d’accusés, ce qui est inacceptable. On est dans un Etat de droit, où il y a le délai raisonnable, la présomption d’innocence”, a-t-il ajouté.

Selon des dépositions recueillies par les juges d’instruction et contestées par la défense, des contacts ont été pris par Ouassini Cherifi en Syrie, en Algérie et en Turquie, où l’éventualité d’attentats en France aurait été évoquée.

Attaque manquée en 2005

Toujours selon ces dépositions, ces liens auraient été noués avec un autre groupe démantelé ces dernières années, Ansar al Fath (Les Partisans de la victoire), qui se serait financé par des rackets de prostituées et était dirigé par Safé Bourada.

Ouassini Cherifi a rencontré en détention entre 2000 et 2004 Safé Bourada, un Français de 38 ans qui purgeait alors une peine de dix ans de prison pour son rôle dans les attentats islamistes de 1995 en France.

L’Algérien Mohammed Benyamina, autre responsable d’Ansar al Fath, apparaît aussi dans le dossier. Il a déclaré dans un interrogatoire en Algérie avoir envisagé de frapper l’aéroport d’Orly, le métro parisien et la DST, avec l’aide de l’argent qu’aurait amené Cherifi.

Le groupe Cherifi était organisé autour de boutiques de téléphonies et d’internet, et d’un restaurant à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) qui, selon l’accusation, servait de lieu de réunion.

L’enquête s’est dénouée après une attaque manquée contre un dépôt de fonds de la société Securitas le 7 octobre 2005 à Beauvais (Oise). Il avait échoué car les explosifs utilisés n’avaient pas fait assez de dégâts pour ouvrir un accès.

Un enregistrement de vidéosurveillance montre trois hommes, dont, selon l’accusation, Ouassini Cherifi, qui nie cependant toute participation.

Une perquisition dans un garage appartenant au groupe a permis aux policiers de découvrir un stock de 19 bâtons de dynamite, deux fusils d’assaut, plusieurs revolvers et pistolets, des talkies-walkies, un pull-over de la gendarmerie et des plaques de la police.