Les trois émissaires de la Cédéao, en visite mardi à Abidjan, seront de retour en Côte d'Ivoire la semaine prochaine pour tenter de "conclure la médiation" entamée avec Laurent Gbagbo, qui reste néanmoins sous la menace d'une intervention militaire.
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Au lendemain de la visite de trois chefs d'État africains à Abidjan, la Communauté des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) annonce qu'elle entend poursuivre ses discussions avec le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo. Le Béninois Boni Yayi, le Capverdien Pedro Pires et le Sierra-Léonais Ernest Koroma seront de retour dans la capitale économique ivoirienne le 3 janvier, pour essayer de conclure la médiation.
Ce mercredi, Pedro Pires et Ernest Koroma sont allés rendre compte de la situation au chef de l'État nigérian, Goodluck Jonathan, président en exercice de la Cédéao. "Nous discutons toujours" avec Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, a déclaré celui-ci depuis Abuja, la capitale nigériane. "Quand il y a une dispute, c'est le dialogue qui résout tous les différends, ce dialogue est en cours."
Un répit pour Laurent Gbagbo
Alors que Laurent Gbagbo est soumis à de fortes pressions européennes et américaines, la voie diplomatique que les dirigeants ouest-africains continuent de privilégier constitue pour lui un répit. "C'est une satisfaction pour son camp, assure Pauline Simonet, envoyée spéciale de FRANCE 24 à Abidjan. Ce sont en tout cas quelques précieux jours de gagnés alors qu'il est toujours sous la menace d'une intervention militaire de la Cédéao."
itL'organisation ouest-africaine a en effet averti vendredi qu'elle pourrait avoir recours à la "force légitime" en cas d'échec de la médiation. Une réunion des chefs d'état-major de la Cédéao, qui a débuté ce mardi à Abuja, se poursuivait ce mercredi.
Les trois émissaires de la Cédéao, qui étaient venus demander à Laurent Gbagbo de quitter pacifiquement le pouvoir au profit d'Alassane Ouattara, n'ont pas donné d'informations précises sur le contenu de leurs rencontres de mardi. "Tout s'est bien passé", a simplement indiqué Boni Yayi. "Tout ce que l'on a pu savoir, c'est que Laurent Gbagbo est toujours sur la même ligne, explique de son côté Pauline Simonet. Il a réaffirmé qu'il était le seul et unique président de Côte d'Ivoire. Nous sommes donc très loin d'une éventuelle démission du président sortant."
L'UE rompt ses relations diplomatiques avec le camp Gbagbo
itDe son côté, l'Union européenne (UE) a en revanche choisi la semaine dernière de ne collaborer qu'avec les ambassadeurs ivoiriens désignés par Alassane Ouattara. Le ministère français des Affaires étrangères a rendu publique cette décision ce mercredi, alors que Laurent Gbagbo a menacé hier de renvoyer les représentants des États qui collaborent avec les ambassadeurs reconnus par son rival.
"Il nous revient que certains gouvernements, disant agir sur la base de correspondances émanant d'Alassane Ouattara, entendent mettre fin à la mission de nos ambassadeurs dans leurs États, a déclaré le porte-parole du gouvernement de Laurent Gbagbo, Ahoua Don Mello, à la Radio-télévision ivoirienne (RTI). Face à de telles décisions contraires à la pratique diplomatique, le gouvernement ivoirien se réserve le droit d'appliquer la réciprocité", a-t-il ajouté.
À Paris, une procédure d'agrément est en cours pour un nouvel ambassadeur désigné par Alassane Ouattara. Pierre Kipré, proche du président sortant, a été chassé de l'ambassade lundi par des partisans pro-Ouattara. Ce mercredi, de jeunes Ivoiriens ont occupé brièvement l'ambassade de Côte d'Ivoire au Mali, exigeant le départ de Laurent Gbagbo. Des manifestants se sont aussi rassemblés devant l'ambassade ivoirienne à Bruxelles.
Sur le terrain, les Jeunes Patriotes, farouches défenseurs de Laurent Gbagbo, ont reporté un grand rassemblement prévu ce mercredi pour donner "une chance à la diplomatie en marche".
Les tensions restent pourtant fortes. Mardi, un convoi des Nations unies a été attaqué dans le quartier de Yopougon, à Abidjan. Un casque bleu a été blessé. "Il s'agit du plus grave incident de ce type depuis le début de la crise, précise Pauline Simonet. Cela souligne toujours les difficultés des casques bleus à travailler ici. Laurent Gbagbo réclame toujours le départ de l'ONU, accusée de soutenir, voire d'armer Alassane Ouattara", le président reconnu par la communauté internationale et la Commission électorale indépendante (CEI).