
Pour améliorer la qualité de l’air, Paris va-t-elle interdire aux véhicules les plus polluants de circuler ? Dans toute la ville ? Sur certains axes ? Un comité est chargé d'y réfléchir. Cinq autres collectivités françaises sont concernées.
La pollution de l’air, notamment les particules fines, sont responsables de 40 000 décès prématurés en France chaque année – 400 000 en Europe, selon le ministère de l’Écologie. Et elle ampute de neuf mois en moyenne la vie de chaque habitant de l’Hexagone. Pour faire face à cet "enjeu de santé publique", le gouvernement a prévu, dans le cadre de la loi Grenelle II, la mise en place de "Zapa", c'est-à-dire des zones d’actions prioritaires pour l’air. En clair : des secteurs où les villes qui le souhaitent interdiront la circulation des véhicules les plus polluants.
Et Paris se lance dans l’aventure : la ville a annoncé mercredi, dans les colonnes du Parisien, qu’un comité de pilotage avait d’ores et déjà été créé. Il réunit la mairie, les villes voisines, la région Île-de-France et la préfecture de police. Ce comité sera chargé de réfléchir à la mise en œuvre d’une Zapa dans la capitale.
Quelles parties de Paris entreront dans le dispositif ?
Rien n’est encore défini. Dans une interview accordée au Parisien, l’adjoint au maire de Paris chargé du développement durable Denis Baupin a expliqué qu’il pourrait s’agir de toute la zone comprise à l’intérieur du périphérique – Paris intra-muros – ou d’un périmètre plus large compris à l’intérieur de l’autoroute A86. Il pourrait aussi s’agir, a-t-il encore expliqué, de définir des axes où la circulation de certains véhicules serait interdite, plutôt que des zones. Exemple : le périphérique.
Quelles voitures pourraient être interdites ?
Comme les machines à laver, les voitures seront classées en plusieurs groupes selon leurs émissions de polluants nocifs pour la santé tels que les particules fines et les oxydes d’azote, explique-t-on au ministère de l’Écologie. Chaque ville volontaire aura ensuite le choix d’appliquer une limitation ou une interdiction de circulation à la catégorie de voitures qu’elle souhaite. Certains 4x4 et les vieux Diesel devraient être visés.
Quelles autres villes sont concernées ?
Les communes ou groupements de communes de plus de 100 000 habitants peuvent se porter volontaires. Un premier appel à candidatures a été lancé et six collectivités ont été sélectionnées : Lyon, Grenoble-Alpes Métropole, Clermont-Communauté, Pays d’Aix, Plaine-Commune (au Nord de Paris) et la ville de Paris. D’autres villes devraient être intégrées dans le processus dans les semaines qui viennent.
Quand la mesure doit-elle entrer en vigueur ?
Les collectivités territoriales concernées vont commencer par étudier la faisabilité du projet et réfléchir à sa mise en œuvre. (Quel périmètre ? Quels véhicules ? S’agira-t-il d’une interdiction absolue ou seulement à certaines heures ou certains jours ?) Les premières expérimentations sont attendues fin 2011 ou début 2012 – elles devraient durer trois ou quatre ans, explique-t-on au ministère de l’Écologie.
De telles interdictions de circulation sont-elles expérimentées à l’étranger ?
Oui, elles sont plus de 160 en Europe, selon l’Ademe, l'Agence pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie. Il s’agit notamment d’une quarantaine de villes allemandes, dont Berlin, Cologne et Hanovre. Le principe : les véhicules qui n’ont pas de vignette de couleur, les plus polluants, n’ont pas le droit de cité en ville. Les automobilistes risquent une amende et un retrait de point sur leur permis.