À la tête du pays depuis 1994, Alexandre Loukachenko devrait être réélu sans surprise dès le premier tour de l'élection présidentielle dimanche. Les neuf candidats de l'opposition ont déjà dénoncé des irrégularités.
AFP - "On sait qui va gagner", l'opposition n'a "aucune chance" : les habitants de Minsk ne se faisaient aucune illusion vendredi sur l'issue de la présidentielle de dimanche au Bélarus, au cours de laquelle le chef de l'Etat sortant Alexandre Loukachenko compte être reconduit.
itEn interrogeant des électeurs de tous âges dans la capitale sur le nom du candidat qu'ils voient sortir vainqueur, tous répondent Loukachenko ou "Batka" (le "petit père" du Bélarus), son surnom dans cette ancienne république soviétique.
Au pouvoir depuis 16 ans, Alexandre Loukachenko devrait être réélu sans surprise dès le premier tour dimanche -- comme ce fut le cas aux précédents scrutins de 1994, 2001 et 2006 -- face à neuf candidats de l'opposition qui ont déjà dénoncé des irrégularités.
"C'est clair", confie à l'AFP Guennadi, un militaire à la retraite qui refuse de donner son nom et annonce du reste qu'il va voter pour le président sortant, une garantie pour la "stabilité", selon lui.
Un point de vue partagé par nombre de retraités qui apprécient la préservation d'un certain héritage soviétique avec une économie d'Etat planifiée et une relative protection sociale au Bélarus.
Mais aux yeux d'Ivan Spossobov, un quinquagénaire qui travaille dans un cinéma, "ce n'est pas normal de pouvoir l'emporter au premier tour quand il y a dix candidats".
"Si Loukachenko avait 35% des voix, cela correspondrait davantage à la réalité", dit-il en excluant comme d'autres l'hypothèse d'un second tour.
D'ailleurs M. Loukachenko, qui avait obtenu 83% des suffrages au précédent scrutin, "se comporte déjà comme si l'élection était déjà passée", estime M. Spossobov.
On pourrait presque le croire en parcourant les avenues de Minsk: pas d'affiches électorales sur des panneaux publicitaires ni de banderoles à l'effigie d'un candidat. En outre, les quatre plus grandes places publiques de la capitale ont été interdites à tout meeting électoral.
"Les élections au Bélarus ne sont pas libres et pas démocratiques", a critiqué l'un des principaux candidats de l'opposition, Iaroslav Romantchouk, du Parti citoyen unifié.
M. Romantchouk s'est plaint de ne pas avoir pu organiser de rencontres électorales dans des hôtels ou cafés de la ville, qui ont refusé, sans doute par craintes des réactions des autorités pro-Loukachenko.
Il s'est ainsi retranché dans les locaux exigus de son parti au 14e étage d'un immeuble pour organiser une conférence de presse à laquelle assistaient des journalistes étrangers pour la plupart.
Quant au temps d'antenne attribué pour la campagne électorale à la télévision et la radio publiques, c'était "90% pour Loukachenko et 10% pour les autres candidats", a-t-il relevé.
C'est sans doute pourquoi certains électeurs, comme Katia Lobaza, ignorent qu'il y a d'autres prétendants que M. Loukachenko à la fonction suprême: "Je ne sais rien des candidats de l'opposition", reconnaît l'étudiante.
Elle fait partie des électeurs qui ont voté par anticipation. Une pratique dénoncée par l'opposition qui estime que c'est le moyen de pratiquer des falsifications massives.
Seulement 0,25% des représentants de l'opposition siègent dans les commissions électorales.
Compte tenu des accusations lancées contre lui par l'opposition et les défenseurs des droits de l'homme, M. Loukachenko "ne peut pas se permettre de perdre une élection, sinon il devra quitter le pays ou se retrouvera devant un tribunal", estime du reste M. Spossobov.