
Le site Red Microblog,lancé par les autorités chinoises, est une copie du célèbre service de micro-blogging américain destinée à contrôler le phénomène des réseaux sociaux. Une pratique en vogue dans d'autres régimes autoritaires.
Pékin refuse toujours que les Chinois utilisent Twitter, mais a décidé de leur offrir, mercredi, le "Red Microblog" (Microblog rouge). Celui-ci a été créé en faisant simplement évoluer une partie du site officiel de la ville de Chongqing, dans la province du Sichuan, au centre de la Chine.
Adoubé par le ministère chinois de la Propagande, ce nouveau site fonctionne comme le célèbre réseau américain de micro-blogging. À une exception près : "Red Microblog" doit mettre en avant des messages de 140 caractères louant les mérites, les réussites du pays.
Ce service, destiné en priorité aux résidents de Chongqing et des environs, serait, d’après les autorités, déjà submergé de "petits messages rouges" (c’est l’appellation officielle). La plupart prennent la forme de slogans pouvant être interprétés comme autant de conseils de vie. « Être d’accord permet de vivre paisiblement, être en désaccord permet d’être original », peut-on ainsi lire sur ce site. Un autre "tweet" affirme que "les études sont la barque qui nous permet d’avancer".
Des propos très policés, donc peu susceptibles de froisser les autorités de Pékin. Depuis plusieurs mois, le ministère de la Propagande incite les gouverneurs locaux à se réapproprier les médias sociaux. Une manière pour le Parti communiste chinois de contrôler un phénomène – le Web 2.0 – autrement que par la censure.
Un Wikipedia cubain
La Chine n’est pas le seul régime autoritaire, se prévalant de l’héritage communiste, à faire des tentatives 2.0. Cuba s’y est également mis. Le régime castriste a inauguré, mardi, son propre Wikipedia baptisé EcuRed. À l’instar de la célèbre encyclopédie collaborative en ligne, ce nouveau venu du Web propose aux internautes d’écrire leur propre article sur tous les sujets possibles et imaginables.
Près de 20 000 entrées, écrites en espagnol, agrémentent déjà ce "wikired" qui se présente comme un lieu d’échange de "connaissances pour tous et partagées par tous". Mais les autorités cubaines ne dissimulent guère leur volonté d’utiliser cet outil pour diffuser une certaine vision du monde. Le site loue "la diffusion du savoir dans un but démocratique et non-lucratif avec un point de vue de décolonisateur".
L’article sur les Etats-Unis, par exemple, présente ce grand voisin américain comme un "empire" dont le seul but a été "de servir ses entreprises". Et, selon EcuRed, la France "berceau des Droits de l’homme" se serait développée "aux dépens de ses colonies".
Difficile cependant pour quelqu’un qui habite hors de Cuba d’apporter un contrepoint à ces affirmations : afin de devenir contributeur, il faut s’inscrire en fournissant une adresse mail en .cu (abréviation pour Cuba).
Autre initiative "rouge" : celle de la Corée du Nord. Le régime de Pyongyang développe, depuis plusieurs mois, un système d’exploitation concurrent des Windows de Microsoft et autres MacOS d’Apple. Un bloggeur russe étudiant en Corée du Nord avait réussi, en avril dernier, à mettre sur la Toile quelques images de ce logiciel baptisé "Red Star". Il explique également qu’une version est déjà en vente, pour 5 dollars, à Pyongyang. "Red Star" limiterait fortement l’accès à Internet et imposerait, notamment, le site du gouvernement comme page de démarrage pour naviguer sur le Net.