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À l'occasion de la visite de Wen Jiabao à New Delhi, les Premiers ministres chinois et indiens ont annoncé leur intention de faire passer le volume de leurs échanges commerciaux à 100 milliards de dollars d'ici à cinq ans.

AFP - La Chine et l'Inde ont annoncé jeudi vouloir doubler le volume de leurs échanges commerciaux d'ici 2015 à 100 milliards de dollars, lors de discussions qui ont toutefois mené à peu d'avancées notables sur leurs différends historiques, notamment frontaliers.

Le Premier ministre chinois Wen Jiabao et son homologue indien Manmohan Singh sont également convenus de développer les exportations de l'Inde vers la Chine pour combler le déséquilibre commercial de 20 milliards de dollars à l'avantage de Pékin.

Les échanges entre les deux économies dotées du plus fort taux de croissance au monde ont totalisé 42 mds USD en 2009 et devraient atteindre 60 mds USD pour l'année fiscale en cours, qui s'achève en mars 2011.

"Il y a suffisamment d'espace dans le monde pour le développement de la Chine et de l'Inde et assez de secteurs où la Chine et l'Inde peuvent coopérer", ont déclaré les deux Premiers ministres dans un communiqué conjoint après leur rencontre.

Depuis l'arrivée mercredi de Wen Jiabao dans la capitale fédérale indienne, sa délégation de 400 hommes d'affaires a scellé des accords représentant 16 milliards de dollars dans un grand nombre de secteurs allant de la finance à l'énergie.

Tandis que les échanges économiques sont en plein essor, les relations diplomatiques sont teintées de méfiance réciproque depuis des années et le communiqué n'a fait aucune mention d'avancée sur une série de sujets sensibles.

Les deux pays s'opposent notamment sur des questions territoriales le long de la chaîne himalayenne, responsables d'une brève guerre sanglante en 1962.

Les discussions de jeudi ont seulement abouti à la réaffirmation de leur engagement pour résoudre "à une date rapide" le conflit, qui a déjà fait l'objet de 14 cycles de négociations.

"Les deux pays travailleront ensemble pour maintenir la paix et la tranquillité dans les zones frontalières conformément aux précédents accords", a ajouté le communiqué.

L'Inde craint que la Chine campe de plus en plus fermement sur ses positions concernant ses revendications territoriales. La Chine avait fermement condamné l'an dernier la visite de M. Singh et du dalaï lama dans l'Etat de l'Arunachal Pradesh (nord-est), que Pékin revendique dans son intégralité.

D'autres sujets irritent aussi Pékin comme la présence en Inde du dalaï lama, chef spirituel des Tibétains qui vit en exil à Dharamsala (nord) depuis 1959.

La police a arrêté plusieurs Tibétains en exil qui manifestaient jeudi à l'extérieur de la résidence du Premier ministre, et lors d'une manifestation mercredi, au cours de laquelle des portraits de Wen ont été brûlés.

Les liens entre la Chine et le Pakistan, grand rival de l'Inde, où doit se rendre vendredi Wen Jiabao, suscitent par ailleurs l'inquiétude de New Delhi.

Le projet chinois de construction d'un barrage sur le cours supérieur du Brahmapoutre au Tibet inquiète aussi l'Inde concernant son approvisionnement en aval.

Singh attend également que la Chine s'engage à arrêter d'émettre des visas spéciaux aux habitants du Cachemire indien se rendant en Chine, une pratique considérée par New Delhi comme un déni de sa souveraineté dans cette région himalayenne disputée avec le Pakistan.

La Chine renâcle par ailleurs à soutenir la demande indienne d'obtention d'un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et le communiqué de jeudi fait simplement mention d'un soutien pour que l'Inde "joue un plus grand rôle" au sein de l'instance mondiale.

S'adressant à la presse avant de rencontrer son homologue, Wen Jiabao a toutefois affirmé vouloir atteindre "un important consensus stratégique lors de la visite".