
La désignation du Qatar comme pays organisateur de la Coupe du monde 2022 a révélé toute l'influence des pays du Golfe sur le petit monde du ballon rond. Retour sur une OPA lancée au milieu des années 2000.
Pour la première fois de son histoire, le FC Barcelone, qui a refusé pendant 107 ans d'arborer un quelconque logo commercial sur sa tunique à l'exception de celui de son fabricant, va porter les couleurs d'un sponsor.
Pour 150 millions d’euros, soit le plus gros contrat de sponsoring de l’histoire du football, L’ONG "Qatar foundation" s’est en effet offert droit de cité sur le maillot catalan jusqu'en 2016. Un record, et un signe de plus que le Moyen-Orient s’installe durablement dans un paysage footballistique gangréné par la crise financière. "Nous n’aurions pas signé si notre dette ne se situait pas entre 420 et 430 millions d’euros", a ainsi expliqué Javier Faus, vice-président du FC Barcelone, pour calmer la réaction des fans du Barça.
Premier League, première cible
Juste après la désignation du Qatar comme pays-organisateur du Mondial-2022, cette opération financière d’envergure vient couronner l’ascension sans précédent des pays du Golfe dans le sport le plus populaire de la planète. Un essor déjà illustré par la décision prise par la Fifa d'accorder à l'émirat d'Abu Dhabi le droit d'accueillir sur son sol la Coupe du monde des clubs qui se déroule actuellement. Par passion ou par simple intérêt économique, les dirigeants des sociétés et des fonds d’investissement qataris ou émiratis font désormais partie du jeu.
La première mi-temps s’est jouée en Premier League. Le club de Manchester City, troisième du championnat anglais actuellement, réputé "populaire" par opposition aux "capitalistes" de Manchester United, n’a pas hésité à accepter en 2008 l’aide financière du groupe Abu Dhabi United après le départ précipité de son ancien propriétaire, l'ex-Premier ministre et milliardaire thaïlandais Thaksin Shinawatra. Lors du dernier mercato, le président émirati Khaldoon al-Moubarak s’est même offert le luxe de faire exploser les prix sur le marché des transferts en y dépensant 150 millions d’euros, alors que ses concurrents recrutaient au compte-gouttes.
Le rachat du club historique de Portsmouth FC, en 2009, par Suleiman al-Fahim, un investisseur de Dubaï, avait également défrayé la chronique, avant que la mauvaise gestion du club et ses mauvais résultats sportifs ne remettent en cause le financement des clubs de foot par les pétrodollars du Golfe : à la fin de la saison 2010, "Pompey" se retrouvait en redressement judiciaire et relégué en 2e division.
La compagnie aérienne Emirates au cœur du sponsoring
Plus discrète mais tout aussi efficace, la stratégie de sponsoring à grande échelle de la société de transport aérien Emirates. L’objectif affiché de son président, Tim Clark, est de faire d’Emirates la première compagnie aérienne mondiale. Dans cette perspective, sa stratégie de communication passe, bien sûr, par le football. Le plus gros coup de la compagnie reste bien sûr, à ce jour, la construction de l'"Emirates Stadium" où évolue le club londonien d’Arsenal, qu'elle sponsorise depuis 2004 pour un montnat de 100 millions de livres. Mais la société émiratie est également présente sur les maillots des équipes de l’AC Milan, du Paris Saint-Germain, du Hambourg SV et de l’Olympiakos Le Pirée, sans compter ses partenariats avec la Fifa et la Confédération asiatique de football (AFC). Un sponsoring qui permet à Emirates d'organiser chaque année depuis 2007 l'Emirates Cup à l’Emirates Stadium, lors de l’avant-saison.
Si les pays du Golfe, réputés être les maisons de retraite dorées des joueurs européens voulant arrondir leur fin de carrière au soleil, n’ont jamais réussi à briller sur la pelouse, l’argent leur aura au moins servi à tirer les ficelles de la discipline.