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Sarkozy et Merkel affichent leur solidarité pour défendre l'euro

La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy, réunis à Fribourg, en Allemagne ont fait front commun sur les questions économiques, refusant notamment la création immédiate d'obligations européennes.

REUTERS - Allemagne et France ont affiché sans surprise vendredi un front commun, à une semaine du Conseil européen de Bruxelles qui doit entériner un mécanisme permanent de gestion de crise.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, réunis à Fribourg, dans le sud-ouest de l'Allemagne, pour le 13e conseil des ministres franco-allemand, se sont dit opposés à la création d'obligations européennes proposée par le Luxembourg et l'Italie.

La chancelière et le président se sont en revanche prononcés pour des initiatives visant à remédier aux faiblesses structurelles de la zone euro et de l'Union européenne, en
particulier aux différences de compétitivité entre pays membres.

La chancelière allemande a redit, lors d'une conférence de presse commune, qu'il n'était pas question d'accepter une "mutualisation" des dettes souveraines de la zone euro.

Le président français, qui ne s'était pas exprimé jusqu'ici publiquement sur la proposition du président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker et du ministre italien de l'Economie Giulio Tremonti de créer des "E-Bonds", lui a emboîté le pas.

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Sarkozy et Merkel affichent leur solidarité pour défendre l'euro

 
Un tel mécanisme aurait "un effet déresponsabilisant pour chaque Etat", a-t-il déclaré. "Or on veut exactement le contraire, c'est-à-dire responsabiliser les Etats."

"Je ne suis pas persuadé que les citoyens français et allemands seraient très heureux que Mme Merkel et moi-même acceptions de mutualiser la dette de toute l'Europe alors qu'il n'y a pas assez d'harmonisation économique, d'harmonisation fiscale, budgétaire", a-t-il fait valoir.

Il a cependant estimé que "s'il y avait un jour davantage d'intégration" et une politique économique européenne "beaucoup plus harmonisée", on pourrait "peut-être" en reparler.

Une solidarité franco-allemande intéressée

Mais "il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs" et, "en l'état actuel des choses, la position de la France est exactement la même que celle de l'Allemagne", a-t-il ajouté.

Nicolas Sarkozy a également pris le parti d'Angela Merkel dans la passe d'armes qui l'a opposée à Jean-Claude Juncker sur la question des obligations européennes.

Il a ainsi rappelé que l'Allemagne avait été la première contributrice au dispositif de soutien aux pays de la zone euro en difficulté financière - et la France la deuxième - et qu'elles ne pouvaient donc pas être taxées d'égoïsme.

Il a regretté que Jean-Claude Juncker et Giulio Tremonti n'aient pas consulté Paris et Berlin avant de lancer leur idée.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se sont également dit opposés à une augmentation du Fonds européen de stabilité financière de 440 milliards d'euros - 750 milliards avec la
participation du FMI -, mis en place à la suite de la crise de la dette grecque et qu'ils jugent aujourd'hui suffisant.

Angela Merkel a salué la volonté de la France de faire converger son système fiscal avec celui de l'Allemagne.

"Nous allons faire de même. Je crois que nous devons donner le bon exemple", a-t-elle déclaré. "Depuis le système fiscal jusqu'à la question de la dette, jusqu'à la question du droit du travail nous allons de plus en plus devoir veiller à ce que tel ou tel ne diverge pas par rapport aux autres."

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy s'étaient auparavant retrouvés sous la neige. Ils ont passé presque autant de temps à visiter la cathédrale de Fribourg, une ville universitaire de 220.000 habitants, et à arpenter son centre historique et son marché de Noël qu'à discuter des dossiers du jour.

La venue des deux dirigeants et des principaux membres de leur gouvernement n'a pas été du goût de tout le monde.

Des affichettes collées par une association locale intitulée "Nous ne paierons pas pour votre crise" proclamaient : "Sarkozy et Merkel ne sont pas les bienvenus".

Les deux dirigeants ont été sporadiquement la cible de huées pendant leur promenade en ville, où au moins trois manifestations ont été tenues à distance par la police.