Le bouillonnant marché de l’art contemporain chinois est en crise. De nombreuses galeries ont fermé et certains artistes doivent changer de métier. Reportage à Pékin.
Après s’être taillé la part du lion, l’art contemporain chinois n’a plus la côte. En seulement 5 ans, les artistes de l’Empire du Milieu avaient réussi à s’imposer sur la scène internationale. Mais la crise est passée par là et dans les galeries de Pékin, on est bien loin de l’affluence des grands jours. La moitié des œuvres ne trouve pas preneurs et certains artistes envisagent maintenant de changer de carrière.
Qin Feng, Fondateur du Musée d’Art contemporain de Pékin : "Je pense que ce bouleversement de l’art contemporain chinois est le résultat direct de la crise économique et financière qui frappe les Etats-Unis et l’ensemble du monde. C’est comme un tsunami et cela affecte particulièrement l’art chinois et l’art asiatique en général. Je connais même deux ou trois grandes expositions ici qui ont déjà du être annulées à cause de tout cela." A Dashanzi, le quartier des artistes de Pékin, on peut mesurer la fièvre spéculative de ces dernières années. Et le baromètre est aujourd’hui orienté à la baisse. Dans ce quartier qui a vu éclore les artistes les plus célèbres de Chine, 50 galeries ont déjà fermées leurs portes ces trois derniers mois.
L’art contemporain chinois représente un quart du marché mondial
Le vent a tourné mais certains ne sont pas si pessimistes. Ils estiment que l’art chinois sortira renforcé de cette crise. “Je pense que les prix vont remonter, tout comme le système financier. L’art chinois a un fort potentiel il n’y a aucune raison qu’il ne rebondisse pas”. “L’art sera toujours l’art. Regardez à la Renaissance. La crise financière ne va pas changer le monde des artistes. Bien sur les prix vont baisser pendant quelques temps mais la qualité artistique des œuvres restera toujours là.”
L’art contemporain chinois représente déjà un quart du marché mondial. Une croissance sans précédent qui avait conduit certains artistes étrangers à s’installer en Chine. Un foisonnement qui cache selon eux beaucoup d’œuvres médiocres. La crise sera aussi l’occasion de faire un peu le ménage. Wolfgang Stiller, artiste allemand installé en Chine : “Je pense que c’est une bonne chose pour l’art chinois. Parce que maintenant il y a tellement de jeunes artistes, que ceux qui aspirent à devenir des artistes devront y réfléchir à deux fois. Avant, c’était come un rêve. On devenait artiste et on gagnait beaucoup d’argent. Ça a changé." Depuis quelques mois et avant même que la crise ne s’abatte sur Dashanzi, on parlait déjà d’une bulle spéculative. Aujourd’hui, l’art chinois suit avec attention les tendances des marchés financiers. L’art rebondira peut-être avec les Bourses. Une autre manière pour lui de refléter la réalité."