Vingt-et-un candidats élus lors des législatives afghanes le 18 septembre dernier ont vu leur élection annulée pour fraude. La Commission électorale indépendante, qui supervisait le scrutin, fait, elle aussi, l'objet d'une enquête.
REUTERS - Vingt et un candidats élus aux législatives afghanes du 18 septembre, soit un sur dix, ont été disqualifiés pour fraude, a annoncé dimanche la Commission des plaintes électorales (ECC).
Cet énième contretemps dans le processus électoral, qui a déjà suscité de très nombreuses allégations de fraude, survient au lendemain d'un sommet de l'Otan à Lisbonne où le dossier afghan a dominé les échanges, en particulier la question du transfert des responsabilités sur le plan militaire.
Les 21 candidats dont l'élection est invalidée ne pourront pas faire appel de cette décision, a déclaré Ahmad Zia Rafat, l'un des cinq membres de l'ECC.
"En raison d'irrégularités, de l'usage de faux bulletins de vote et de l'influence de responsables provinciaux, qui se sont traduits par des fraudes électorales, nous avons décidé d'invalider les votes en leur faveur", a dit Rafat lors d'une conférence de presse à Kaboul.
Sept des candidats disqualifiés étaient des députés sortants et l'un d'eux, Ashmat Khalil Karzaï, est cousin germain du président Hamid Karzaï.
Plus de deux mois après le scrutin, on attend toujours les résultats définitifs en raison du volume des plaintes déposées, mais les invalidations annoncées dimanche pourraient débloquer les choses et porter le processus électoral à son terme.
Fraude dans toutes les régions
La crédibilité des résultats pèsera lourd dans le réexamen de sa stratégie afghane auquel procédera en décembre le président américain Barack Obama, dans un contexte de violence croissante sur le terrain militaire.
L'ECC, mise en place par l'Onu pour surveiller le processus électoral, remettra la liste des candidats écartés à la Commission électorale indépendante (CEI), qui doit annoncer les nouveaux élus à la "wolesi jirga", la chambre basse.
"Sur la base de nos conclusions, la CEI devrait publier les résultats définitifs", a déclaré Rafat.
Le scrutin a été qualifié dans un premier temps de succès par les autorités afghanes parce que la journée électorale n'avait connu que des incidents limités, mais des plaintes pour fraude avaient commencé avant même que les Afghans se rendent aux urnes.
Des dizaines de candidats ont dénoncé des fraudes de la part de responsables électoraux et réclamé la tenue d'un nouveau scrutin. Certains ont averti qu'un parlement qui ne représenterait pas équitablement les différentes ethnies du pays alimenterait l'instabilité.
Plus de 6.000 plaintes ont été adressées à l'ECC. La CEI, qui supervisait les élections, avait invalidé près du quart des 5,6 millions de suffrages exprimés.
La CEI fait elle-même l'objet d'une enquête du parquet général pour fraude électorale.
Les candidats rejetés sont originaires de l'ensemble du pays - des provinces de Farah et d'Herat (ouest) à celles de Paktita (est), de Badakhshan (nord) ou de Wardak (centre), en passant par les bastions taliban que sont les régions de Kandahar et de l'Helmand.
Deux alliés de Karzaï au moins figurent parmi eux. Il s'agit, en plus de son cousin germain qui dirigeait naguère une entreprise de sécurité, de Haji Niaz Mohammad Lalai, ancien chef de guerre proche du président. L'un et l'autre étaient candidats à Kandahar.
L'an dernier, au premier tour de l'élection présidentielle, la commission des plaintes électorales avait annulé un tiers des voix en faveur du président Karzaï, finalement réélu après le retrait de son rival du second tour, Abdullah Abdullah.