Le régime nord-coréen a levé le voile sur ce qui serait une nouvelle et vaste installation d'enrichissement d'uranium. Un scientifique américain a pu la visiter et se déclare "stupéfait" dans les colonnes du New York Times.
AFP - La Corée du Nord a fait visiter la semaine dernière une nouvelle et vaste usine d'enrichissement d'uranium, disposant de centaines de centrifugeuses, à un scientifique américain, a rapporté samedi le New York Times.
Siegfried Hecker, le scientifique américain, a raconté au journal qu'il a été "stupéfait" par la sophistication de la nouvelle installation nord-coréenne et qu'il en avait déjà fait part en privé à la Maison Blanche.
Siegfried Hecker, qui a dirigé auparavant le laboratoire nucléaire national de Los Alamos, a été autorisé par les autorités nord-coréennes à visiter l'usine d'enrichissement, qu'il n'a pas localisée.
Quelque 2.000 centrifugeuses sont en marche dans l'usine, affirment les autorités nord-coréennes, et le scientifique américain a précisé au journal qu'il en avait vu "des centaines et des centaines" installées dans "une salle de contrôle ultra-moderne".
Il lui a toutefois été interdit de prendre des photographies et il n'a pas pu vérifier les assurances nord-coréennes que l'installation produisait déjà de l'uranium enrichi.
"Il y a des raisons de se demander si cela est vrai", a dit le scientifique, se déclarant sceptique sur les capacités de Pyongyang à finaliser son projet.
Selon le New York Times, cette nouvelle usine a dû être contruite rapidement car elle n'était pas répertoriée au moment où les inspecteurs internationaux avaient été expulsés du pays en avril 2009.
Le régime communiste nord-coréen, l'un des plus secrets de la planète, qui a effectué son premier test nucléaire en 2006, a dû recevoir une aide étrangère pour parvenir à bâtir aussi rapidement une telle installation, probablement en contournant les sanctions de l'ONU, estime le journal.
La Maison Blanche a déjà commencé samedi à informer ses alliés de ces révélations et souhaite une discussion globale avec eux sur ce sujet, ajoute-t-il.
Un réacteur expérimental
Des responsables de l'administration américaine ont indiqué au New York Times qu'ils avaient fait observer par satellite la zone où l'usine est supposée être, mais sans confirmer qu'ils étaient déjà au courant de son existence.
Ces révélations interviennent alors que le département d'Etat a annoncé samedi que l'envoyé spécial américain chargé de la Corée du Nord, Stephen Bosworth, devait arriver dimanche en Asie pour des discussions avec les responsables chinois, japonais et sud-coréens sur le programme nucléaire de Pyongyang.
Stephen Bosworth est attendu d'abord à Seoul samedi, d'où il doit se rendre à Tokyo et Pékin.
Siegfried Hecker avait déjà révélé à son départ de Corée du Nord que les responsables de ce pays affirment être en train de construire un réacteur nucléaire expérimental à eau légère, qu'ils entendent achever en 2012.
Cette révélation avait été soutenue par Jack Pritchard, président de l'Institut d'économie coréenne, qui a déclaré mardi à la presse de Washington qu'il avait visité le complexe nucléaire nord-coréen de Yongbyon, qui abriterait ce réacteur expériemental, selon la Corée du Nord.
Ancien et repertorié, le complexe nucléaire de Yongbyon dispose d'un réacteur vieillissant qui a fourni le plutonium des bombes atomiques nord-coréennes, tandis que les réacteurs à eau légère sont généralement utilisés pour fournir de l'électricité.
La Corée du Nord a quitté les négociations sur son désarmement nucléaire en avril 2009 et effectué un second essai nucléaire un mois plus tard.
Elle a montré ces derniers mois des velléités de retourner, sous conditions, à la table de négociations.
Le président américain Barack Obama a prévenu récemment que Pyongyang devait faire preuve de "sérieux dans ses intentions" de reprise du dialogue et qu'il n'était pas prêt à se contenter de "motions".