logo

John Galliano mélange passé et présent

Au deuxième jour des défilés de prêt-à-porter masculin pour l'hiver prochain, le noir est à l'honneur chez Rick Owens. Kris Van Assche a créé, lui, une collection à vif. Quant à John Galliano, il enseigne l'histoire... à sa façon.

AFP - Dandy cachant un robot, sans-culotte ou baroudeur raffiné : l'hiver prochain, l'homme pourra incarner des personnages variés, pourvu qu'il affiche une forte personnalité, selon les collections présentées vendredi à Paris, au deuxième jour des défilés de prêt-à-porter masculin pour l'hiver prochain.

John Galliano aime la période de la Révolution française. Dans un vaste hangar au sol parsemé de centaines de photophores, il a fait défiler des sans-culottes en chemise bouffante ou gilet imprimés toile de Jouy tricolore, coiffés de bonnets de laine imitant les bonnets phrygiens.

Ils avaient été précédés par des hommes en tricornes, bottes à revers, pantalons moulants et manteaux de velours brodés de feuilles de chêne, inspirés par un personnage d'un célèbre tableau du peintre britannique du XVIIIe siècle Thomas Gainsborough.

Le défilé, clos par une cohorte de faunes et d'élégants dandys en redingotes noires et smokings aux poignets brodés, a été ovationné par le public qui a apprécié l'élégance, au-delà des références historiques.

Riccardo Tisci pour Givenchy a fait forte impression aves ses garçons au crâne rasé et à la silhouette noire, en shorts complétés par des leggings ou des cuissardes, des chemises sanglées, une cape. Le cuir est très présent en empiècements sur un manteau ou pour mouler la jambe en pantalon-legging ou sorte de cuissardes.

L'allure est sévère et dure, même si de temps à autre la maille d'un long pull apporte une note de douceur à ce vestiaire à la forte personnalité.

Chez Thierry Mugler, c'est comme si s'ouvrait un livre d'images, mais revisitées par la créatrice Rosemary Rodriguez. Voici un pirate, un oeil caché par une pastille de cuir noir, mais vêtu d'un élégant costume, voici des princes en vestes de velours à brandebourgs longues comme des redingotes, bottes cavalières, cravache à la main. Surgissent aussi une silhouette en pantalon et gilet moirés comme une carapace de scarabée, des hommes à l'allure robotique en costume argent.

"Ce que je voulais, c'est que ce soit très chic, très élégant, très classique mais que ce soit des personnages" qui "nous ramènent à l'enfance", explique la créatrice.

L'homme Mugler "a l'air très comme il faut mais il y a des détails dans la silhouette qui font qu'on peut se dire qu'il y a peut-être un homme-robot en-dessous, qu'il y a peut-être quelqu'un d'inquiétant", explique-t-elle, ravie de cette dualité.

De son côté, Kris Van Assche a enthousiasmé son public avec un homme très contemporain, sorte de baroudeur raffiné en rangers et superpositions de vêtements légers. "C'est un arpenteur, il parcourt le monde à la recherche de sa vérité", indique-t-on dans l'entourage du styliste.

Des leggings ou des pantalons bouffants se glissent dans les rangers, des chemises-tuniques dépassent des vestes, des manteaux à effet cape se dotent d'une capuche comme un voile, des besaces de cuir s'accrochent en bandoulière sur des gilets de costume, eux-mêmes portés sur des pulls.

Des liens tombent des pantalons, des colliers de lanières dégringolent jusque sous la taille.

"On retrouve des thèmes de la femme, comme les liens, les superpositions, l'enchevêtrement, l'allègement des tissus mais tout en gardant le côté masculin", note Florence de Monza, directrice des relations extérieures de Docks en Seine, nouveau lieu parisien consacré à la mode et au design. La collection marque "une rupture avec les codes traditionnels du masculin sans les balayer", souligne-t-elle.