Plus de la moitié des habitants de l'île italienne de Lampedusa a manifesté contre l'ouverture d'un centre d'identification qui permet de procéder plus rapidement à l'expulsion des immigrés clandestins.
AFP - Plus de la moitié des habitants de l'île italienne de Lampedusa (sud) ont manifesté vendredi pour protester contre l'ouverture d'un centre d'identification des clandestins qui doit permettre des expulsions plus rapides, a constaté un photographe de l'AFP.
Quelque trois mille des six mille habitants de la petite île se sont rendus devant le centre de premier accueil où se trouvent actuellement 1.677 immigrés, pour manifester leur hostilité à la construction d'un nouveau centre.
Jusqu'à présent, les clandestins débarqués à Lampedusa n'y restaient que quelques jours avant d'être dirigés vers d'autres centres de rétention pour qu'il soit statué sur leur sort.
Devant l'afflux d'immigrés ces dernières semaines, le gouvernement a décidé d'accélérer les procédures d'expulsion.
Le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni a annoncé vendredi à Rome la mise en service d'un Centre d'identification et d'expulsion (CIE) des clandestins débarqués sur l'île "afin de "pouvoir procéder aux rapatriements directement depuis Lampedusa".
"Le but est de boucler d'ici quelques semaines ce plan de rapatriement des clandestins débarqués à Lampedusa. Depuis le 1er janvier, nous avons rapatrié directement depuis Lampedusa environ 150 personnes", des Egyptiens et des Nigérians, a déclaré le ministre de l'Intérieur lors d'une conférence de presse.
Vendredi, 250 clandestins ont été évacués vers d'autres centres de rétention en Italie afin de désengorger Lampedusa, a indiqué à l'agence Ansa le directeur du centre Cono Galipo.
"Les habitants protestent car ils étaient habitués à ce que le problème soit traité ailleurs. Mais notre politique de fermeté fera du bien à tout le monde, y compris aux habitants de l'île, et sera dissuasive pour les candidats à l'immigration", a résumé M. Maroni, haut responsable du parti anti-immigrés de la Ligue du nord.
Dans un communiqué, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a fait part vendredi de sa "préoccupation croissante pour la situation humanitaire" des clandestins du centre d'accueil, qui se trouvent "dans des conditions de surpopulation extrême".
"Des centaines de personnes sont contraintes de dormir avec des bâches de plastique pour seul abri", a dénoncé le HCR, qui appelle "les autorités italiennes à faire le nécessaire pour résoudre la situation humanitaire difficile qui s'est créée à Lampedusa".
Selon le ministère de l'Intérieur italien, près de 31.700 immigrants ont débarqué à Lampedusa en 2008, une augmentation de 75% par rapport à l'année précédente.