Une soixantaine d'élus centristes, dont certains issus de l'UMP, étaient réunis lundi soir à l'Assemblée nationale autour de Jean-Louis Borloo, l'ex-ministre de l'écologie pour organiser une "coordination" en vue de la présidentielle de 2012.
AFP - Jean-Louis Borloo et Hervé Morin réfléchissent à une nouvelle stratégie de recomposition du centre dans la perspective de la présidentielle de 2012, après un remaniement illustrant à leurs yeux la "mainmise de l'UMP-RPR" sur l'exécutif et le parti présidentiel.
A 18 mois de la présidentielle, la nouvelle équipe Fillon a fait la part belle aux chiraquiens historiques du RPR, qui se partagent les grands ministères régaliens aux tout premiers rangs de l'ordre protocolaire et la tête du parti présidentiel, qui va être incarnée désormais par Jean-François Copé.
L'ex-ministre de l'Ecologie, qui n'a pas souhaité rester au gouvernement, a réuni dans la soirée à l'Assemblée une soixantaine d'élus centristes issus de l'UMP, du Parti radical (PR), du Nouveau centre (NC) et de la Gauche moderne (GM) qui lui ont confié "l'animation d'une coordination" des centres.
"Il faut construire une majorité réellement équilibrée. Sans la composante centriste, on ne gagnera pas en 2012", leur a expliqué M. Borloo, dont ils ont salué "unanimement" le départ du gouvernement en y voyant "un acte fondateur".
Présent à cette réunion, l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, vice-président de l'UMP, a pour sa part appelé à prolonger cette coordination au Parlement.
Quant à l'éventuel départ de M. Borloo de la direction de l'UMP, réclamé par nombre de cadres de son parti, le numéro deux du PR, Laurent Hénart, a expliqué que ce point serait évoqué lors d'un bureau national mercredi.
La question plus large d'un rupture avec l'UMP, posée par nombre de militants, pourrait notamment remettre en question les investitures "majorité présidentielle" déjà accordées par l'UMP à des candidats radicaux pour les cantonales, selon une élue.
L'ex-secrétaire d'Etat Valérie Létard (NC), proche de Jean-Louis Borloo, et M. Hénart, ont tenu à insister lundi soir sur le fait que la mise en place de cette nouvelle coordination centriste ne visait pas à organiser "une force d'opposition mais de proposition".
Quelques heures plus tôt et à quelques encablures de là, le patron du NC, Hervé Morin, réunissait ses cadres pour travailler à l'élaboration de son projet politique.
L'ex-ministre de la Défense, qui ne cache pas ses ambitions présidentielles pour 2012 contrairement à Jean-Louis Borloo et ses amis qui éludent la question, entend pour sa part "faire en sorte que les centristes puissent porter un projet autonome". Il plaide pour "un centrisme de construction".
"C'est maintenant que tout commence. Les centristes sont devant un acte fondateur à réaliser", approuve le député Philippe Vigier, porte-parole du Nouveau centre. Avec une nuance de taille: "cela doit se faire autour du seul parti centriste indépendant, le Nouveau centre".
"Il y a une certaine duplicité à parler de réunir les centres quand on est à l'UMP", a estimé le sénateur NC Hervé Maurey, en direction de Jean-Louis Borloo.
Un peu plus tard sur la chaîne Public Sénat, ce sénateur de l'Eure proche de M. Morin, a affirmé que "si M. Borloo, ce que je souhaite naturellement, souhaite participer à la reconstruction du centre, la première chose évidemment c'est qu'il quitte l'UMP".
Pour sa part, Dominique Paillé, sous sa double casquette de porte-parole de l'UMP et de cadre du Parti radical, qui a fait une brève apparition à la réunion des centristes lundi soir, avait conseillé à ses amis radicaux de chercher à conquérir "des postes clefs" à l'UMP et au Parlement "pour infléchir la politique gouvernementale" plutôt que d'avoir "des états d'âme".
La question du rassemblement de la famille centriste devrait être évoquée mardi lors d'une déjeuner en tête en tête entre Jean-Louis Borloo et Hervé Morin dont le lieu n'a été révélé par aucun des deux camps.