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L'A380 de Qantas "aurait pu prendre feu comme le Concorde"

Immobilisé sur le tarmac de l'aéroport de Singapour après l'incident survenu jeudi sur son moteur, l'Airbus A380 de la compagnie australienne est passé tout près d'une "vraie catastrophe". Décryptage avec Gérard Feldzer, ancien pilote d'Air France.

Quatre jours après l’avarie moteur survenue sur un A380 de la compagnie australienne Qantas, les enquêteurs cherchent toujours à déterminer les raisons exactes de cet incident qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques. "Si des débris avaient percé un réservoir de kérosène, l’avion aurait pu prendre feu comme le Concorde [le 25 juillet 2000, un Concorde s’était écrasé quelques secondes après avoir décollé de l’aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle entraînant la mort de 113 personnes]. On est donc passé tout près d’une vraie catastrophe, assure Gérard Feldzer, un ancien pilote d'Air France. Il arrive que des moteurs tombent en panne ou qu’ils prennent feu, mais il est extrêmement rare qu’un moteur explose et projette des débris."

Situés dans les ailes, les réservoirs étaient pleins au moment de l’incident, car l’avion, à bord duquel se trouvaient 440 passagers et 26 membres d’équipage, venait de décoller. Désormais immobilisé sur le tarmac de l’aéroport de Singapour, l’appareil est passé au peigne fin tandis que des enquêteurs étudient les données de vol au siège du bureau d’enquête australien, l’ATSB, situé à Canberra.

"L’enquête se resserre autour de Rolls-Royce"

Qantas a annoncé ce lundi que tous ses A380 sont cloués au sol pour au moins 72 heures car des tests ont révélé des anomalies sur des moteurs Rolls-Royce de trois autres appareils de la compagnie. Un pilote d’essai d’Airbus est attendu prochainement dans la capitale australienne pour faire partager son expertise, tandis que des débris du réacteur endommagé sont arrivés hier au Royaume-Uni où ils doivent être analysés par des experts de Rolls-Royce... sous le contrôle d’agents de l’ATSB.

"L’enquête se resserre autour de Rolls-Royce", analyse Gérard Feldzer, pour qui "Airbus semble être hors de cause, car ses A380 équipés de moteurs Engine Alliance volent encore. C’est un coup dur porté à Rolls-Royce dont les moteurs de la gamme Trent équipent des milliers d’avions et sont d’une grande fiabilité."

Singapore Airlines a pour sa part indiqué lundi qu'aucun problème n'était apparu sur les moteurs Rolls-Royce Trent 900 qui équipent aussi ses Airbus A380. "Des conclusions qui semblent indiquer qu’on s’oriente plus vers un problème de maintenance que vers un problème de conception", estime Gérard Feldzer.

"Avant d’être lancés sur le marché, les moteurs sont pourtant soumis à des tests incroyables, on les confronte aux pires conditions pour parer à toute éventualité, rappelle l'ancien pilote français. De plus, les incidents techniques sont la plupart du temps détectés à l’avance car "Rolls Royce reçoit des données en temps réel et peut ainsi dépister les éventuelles faiblesses de ses réacteurs et anticiper les problèmes", explique-t-il.

Réputé pour la qualité de ses appareils et pour son excellence en matière de sécurité, Qantas n'a subi aucun crash d'un grand avion de ligne en plus de 90 ans.