![Les terres rares, une arme commerciale chinoise méconnue Les terres rares, une arme commerciale chinoise méconnue](/data/posts/2022/07/15/1657922452_Les-terres-rares-une-arme-commerciale-chinoise-meconnue.jpg)
Les tensions internationales sur d'éventuelles restrictions chinoises à l'exportation des terres rares s'accroissent. Inconnus du grand public, ces précieux minerais sont pourtant essentiels à la confection de produits très prisés en Occident.
Il n’y pas que le yuan et la politique des taux de change pratiquée par la Chine qui irritent le reste du monde. Il y a aussi les terres rares. La situation, dans ce domaine, s’est à telle point aggravée ces derniers jours que la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a officiellement demandé mercredi à la Chine de garantir un "commerce sans entrave" de ces précieux minéraux. De quoi s’agit-il ?
Que sont les terres rares ? Les terres rares rassemblent 17 minéraux aux noms totalement inconnus du grand public comme le samarium, le germanium ou le scandium, dans lesquels se trouvent pourtant certaines matières premières essentielles à la confection de produits très prisés du consommateur ou du militaire. Ainsi, l’idium permet de fabriquer les écrans plats pour les téléviseurs, le tungstène est un matériau incontournable à la construction des têtes de missiles tandis que l’antinium entre dans la composition des semi-conducteurs. Sans terres rares donc, pas de téléphones portables, pas d’iPod et pas de voitures électriques...
Quel est le poids de la Chine dans la production de terres rares ? Actuellement, 97 % des terres rares proviennent de Chine. Les gisements de ces minéraux très prisés se concentrent dans trois régions du pays. Leur extraction a souvent lieu dans des mines clandestines, notamment en Mongolie-intérieure où les conditions de travail des mineurs font souvent l'objet de critiques de la part des organisations de défense des droits de l’Homme.
Comment le conflit a-t-il débuté ? Les premières plaintes contre la Chine ont été émises il y a un peu plus de deux semaines par Tokyo. Pékin aurait alors interdit à plusieurs de ses navires de quitter les ports chinois pour approvisionner le Japon. Si la Chine s'en défend, plusieurs analystes estiment que l'Empire du Milieu aurait pris cette décision en rétorsion au conflit sur les "eaux territoriales" opposant les deux pays, qui s'est aggravé fin septembre.
Par la suite, Washington s'est également ému d’éventuelles restrictions à l’exportation de terres rares. La Chine n'aurait guère apprécié l’ouverture d’une enquête, aux États-Unis, sur les subventions accordées à l’exportation de technologies "vertes" par les autorités chinoises. Un conflit commercial qui, au demeurant, était condamné à éclater un jour ou l'autre : en effet, la Chine utilise de plus en plus les terres rares pour ses propres productions. Depuis 2005, les volumes de terres rares qu'elle exporte chutent ainsi d’environ 5 % par an.
La Chine est-elle le seul pays producteur de terres rares ? Ces terres ne sont, en fait, pas si rares que ça… Ainsi, les États-Unis en concentrent, par exemple, 15 % des ressources mondiales. Dans les années 1980, ils assuraient même plus de 50 % de la production mondiale de terres rares. L’Australie et l’Indonésie en sont également riches. Mais la plupart des pays ont abandonné à la Chine l’extraction de ces matières premières. Une erreur stratégique ? Peut-être. Selon le site spécialisé dans l’écologie et l’environnement Planetoscope, la demande mondiale en terres rares, dont le marché devrait représenter 3 milliards de dollars en 2015, s'accroît de plus de 15 % par an actuellement. De quoi donner envie à certains pays comme les États-Unis ou l’Australie de rouvrir certaines mines ?