Alors que le gouvernement appelle à "une reprise du travail des raffineries" paralysées par les grèves contre la réforme des retraites, l'approvisionnement en carburant des stations-service fait défaut dimanche dans plusieurs départements.
AFP - La pénurie de carburant a pesé samedi sur les départs en vacances de la Toussaint et le gouvernement a appelé à "une reprise du travail des raffineries" paralysées par les grèves alors que la réforme des retraites est dans sa dernière ligne droite au Parlement.
"Il faut qu'il y ait une reprise du travail des raffineries", a déclaré le ministre de l'Energie,
Jean-Louis Borloo, samedi soir sur France 2, en soulignant que la situation posait "un problème de logistique majeur" pour l'approvisionnement du pays.
Sept départements (Eure, Calvados, Loire-Atlantique, Indre-et-Loire, Val-de-Marne, Oise, Allier) sont actuellement toujours à court de carburant, avec "à peu près une pompe sur deux d'approvisionnées", selon le ministre.
Pour le reste du pays, "sur 90% des départements français, on est à 80% d'alimentation normale", a-t-il dit.
"On va continuer à assister à une lente amélioration mais pas homogène partout", a-t-il averti, refusant une nouvelle fois d'avancer une date de retour à la normale dans tout le pays.
Plus largement, les "difficultés" d'approvisionnement (rupture de stocks ou manque d'au moins un carburant) ont affecté encore samedi six stations-service sur dix dans l'ouest de la France et un tiers en région parisienne. L'heure était à la détente en revanche dans la moitié sud, l'est et le nord du pays.
Déclarées prioritaires du fait des départs en congés, les 300 stations du réseau autoroutier étaient elles aussi pourvues à l'exception de 13 d'entre elles, selon M. Borloo.
Le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, avait renouvelé samedi ses appels aux automobilistes à ne pas faire de "pleins de précaution", critiquant ceux qui allongent les files d'attentes devant les stations-service, "alors qu'il leur manque 5 litres au réservoir".
Sur l'ensemble des routes, la circulation s'est écoulée sans difficulté majeure, selon Bison Fûté, ce qui témoignait aussi du choix visiblement fait par une partie des vacanciers de renoncer à prendre la route, alors que le secteur du tourisme avait dénoncé ces derniers jours un ralentissement des réservations.
Le début des vacances n'a pas stoppé la mobilisation contre la réforme des retraites avec, en province, des manifestations à Saint-Etienne, Roanne, Castres (Tarn), Narbonne (Aude).
itA Chambéry, des chefs d'entreprises ont défilé pour "alerter les syndicats" sur les contrecoups subis par les PME en raison des blocages et grèves.
A la raffinerie Total de Grandpuits (Seine-et-Marne), à nouveau réquisitionnée, des camions-citerne se ravitaillaient à la colère des grévistes. Vendredi matin, l'intervention des gendarmes pour débloquer la raffinerie, qui renferme un dépôt essentiel pour l'approvisionnement de l'Ile-de-France, avait fait trois blessés légers.
A la SNCF, le trafic était en amélioration malgré la poursuite de la grève, avec au moins 8 TGV sur 10 programmés durant le week-end, mais un train sur deux seulement en moyenne sur les réseaux TER, Transilien et Corail.
Après trois semaines de bataille, le Sénat a adopté vendredi soir la réforme des retraites, qui repousse de 60 à 62 ans l'âge légal de départ et de 65 à 67 ans celui du départ à taux plein.
Le vote définitif du Parlement devrait intervenir mercredi, après une réunion lundi de la Commission mixte paritaire (7 sénateurs, 7 députés), chargée d'établir un texte commun Sénat-Assemblée, ensuite soumis aux deux Chambres mardi et mercredi.
Les syndicats ont appelé à deux nouvelles journées d'action, les 28 octobre et 6 novembre.