
Alors qu’une guerre d’usure s’est installée au Sénat autour du texte sur la réforme des retraites, la mobilisation se durcit, notamment dans le secteur pétrolier. Mercredi, un tiers des stations-service étaient partiellement ou totalement vides.
Les files d’attente s’allongent inexorablement devant les pompes à essence. L'approvisionnement des stations-service est limité depuis plusieurs jours pour cause de blocage des dépôts de carburant et des mouvements de grève dans les 12 raffineries du pays.
"Sur 12 311 stations-service, 3 190 se déclarent momentanément vides à cette heure-ci et attendent l'approvisionnement, 1 700 estiment être dans une difficulté particulière sur un des produits et les camions sont en train de les acheminer", a annoncé Jean-Louis Borloo lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
Le retour à la normale dans les stations-service françaises perturbées par les actions contre la réforme des retraites prendra quelques jours, a déclaré mercredi la ministre de l'Économie Christine Lagarde.
Mercredi matin en Conseil des ministres, le président Nicolas Sarkozy a ordonné le déblocage de la totalité des dépôts de carburant "afin de rétablir au plus tôt une situation normale". "S'il n' est pas mis un terme rapidement aux blocages, ces désordres […] pourraient avoir des conséquences en termes d'emploi en détériorant le déroulement normal de l'activité économique", a-t-il ajouté.
Déblocage des dépôts
Trois dépôts de carburant - à Donges (Loire-Atlantique), au Mans et à La Rochelle - ont été débloqués par les forces de l'ordre, dans le calme, dans la nuit de mardi à mercredi. Depuis vendredi, les accès de 21 dépôts de carburant ont été dégagés par les forces de l’ordre. Peine (presque) perdue : de nombreux dépôts ont de nouveau été bloqués par les manifestants juste après leur évacuation.
Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a prévenu mercredi que les forces de l'ordre continueraient "à débloquer autant que nécessaire les dépôts" de carburant.
D’autre part, le secteur de l’énergie est fortement perturbé par le mouvement social. Mercredi, les autorités ont été contraintes d’importer une quantité d’électricité équivalente à la production de six réacteurs nucléaires.
Les casseurs sévissent à Lyon
Parallèlement, de violents affrontements ont opposé forces de l’ordre et casseurs notamment à Nanterre, en banlieue parisienne, et à Lyon. Les heurts y sont devenus presque quotidiens depuis la semaine dernière. Après des scènes de guérilla urbaine mardi et mercredi matin dans le centre de Lyon, un calme relatif est revenu dans l’après-midi. Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux y a effectué une visite éclair. "La France n’appartient pas aux casseurs, aux pilleurs, ni aux caillasseurs, a-t-il déclaré. La France appartient aux honnêtes gens qui veulent travailler paisiblement."
Au Sénat, l’opposition appelle à suspendre les débats
Au même moment au Sénat - où on examine le projet de loi sur la réforme des retraites depuis près de trois semaines -, les présidents de trois groupes de gauche ont appelé à la suspension des débats. Une demande que le ministre du Travail Éric Woerth a rejetée. "Il n’y a aucune raison d’interrompre le débat au Sénat. Cette réforme est absolument indispensable pour protéger nos régimes de retraite" a-t-il affirmé au micro de France 24, avant d'indiquer : "[La demande de suspension des débats] est probablement le résultat d’une perte de sang-froid ou d’un peu de fatigue [des membres de l’opposition]."
Le vote du Sénat devrait intervenir vendredi ou samedi au plus tard, selon des informations recueillies par notre envoyé spécial au Sénat Mathieu Szames.