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Une mobilisation en baisse pour le gouvernement, stable pour les syndicats

Selon le ministère de l'Intérieur, 825 000 personnes ont battu le pavé lors de cette cinquième journée d'action consécutive contre la réforme des retraites tandis que la CGT en recensait près de trois millions.

Des manifestations très importantes, mais moins suivies que le 12 octobre, ont eu lieu partout en France samedi contre la réforme des retraites, sur fond de durcissement du conflit et de menace de pénurie de carburants.

Et la traditionnelle bataille des chiffres n'a pas fait défaut. À Paris, selon la CGT, le défilé rassemble 310 000 personnes, soit autant que le 2 octobre où près de 3,5 millions de Français selon les syndicats, et 1,2 million selon la police, étaient descendus dans la rue.

Le ministère de l'Intérieur, quant à lui, juge cette participation "en baisse" par rapport aux quatre précédentes mobilisations. Il dénombre au total 825 000 manifestants à travers le pays.

Le chiffre était, de même source, de 899 000 personnes pour la dernière journée de manifestation nationale organisée un samedi, le 2 octobre.

Mais selon les syndicats, la participation de ce samedi serait "au moins au même niveau" que celle du 2 octobre.

"Cela montre la persistance d'un très fort niveau de mobilisation. Nous avons un autre rendez-vous mardi et je vois tous les ingrédients pour ce que ce mouvement continue dans la durée", a déclaré le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault.

Les jeunes au cœur de la contestation

Malgré la fermeté du gouvernement, la mobilisation des jeunes depuis mardi dernier ne semble pas faiblir et donne une nouvelle ampleur au mouvement. Très présents dans les différents cortèges de ce samedi, les lycéens sont aussi "ceux qu’on entend le plus", selon Cyril Vanier, envoyé spécial de FRANCE 24 au cœur des manifestations.

"Les syndicats de lycéens veulent montrer leur détermination et leur unité contre cette réforme des retraites", commente Karim Yahiaoui, autre envoyé spécial de FRANCE 24. Ces jeunes " veulent croire qu’ils peuvent faire plier le gouvernement comme cela a déjà été le cas par le passé, notamment en 2006."

Environ 550 lycées français - sur les 4 300 que compte le pays - étaient bloqués vendredi selon le syndicat ; 306, selon le ministère de l'Éducation. "Reculer l’âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans, c’est empêcher les jeunes de pouvoir s’insérer sur le marché de l’emploi dès la sortie de leurs études", accuse l'Union nationale des lycéens (UNL).

Plusieurs incidents ont cependant émaillé les manifestations de la semaine dernière, un adolescent ayant été gravement blessé à l'œil jeudi à Montreuil par un tir de flash-ball. Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a appelé les policiers à "limiter l'usage de la force". "En ne voulant pas discuter, c'est le gouvernement qui crée de la violence, a affirmé vendredi Victor Grèzes, l'un des secrétaires nationaux de l'UNL, à FRANCE 24. Nous appelons tous les lycéens à rester calmes."

Pour Cyril Vanier, "c’est peut-être les lycéens qui détiennent la clé du bras de fer avec le gouvernement".

Les syndicats appellent le Sénat à ne pas voter la réforme des retraites

Bernard Thibault a exhorté les sénateurs, réunis ce samedi autour de l’examen du projet de loi, à ne pas voter le texte "en l’état" tandis que son homologue de la CFDT, François Chérèque, accusait le gouvernement d’avoir "radicalisé le pays".

Depuis Lille où elle a défilé, la première secrétaire du Parti socialiste (PS), Martine Aubry, a, elle, de nouveau enjoint l'exécutif à suspendre le débat en cours. "Arrêtez, suspendez aujourd'hui votre projet au Sénat, mettez tout le monde autour de la table, a-t-elle lancé à l'adresse du président et du Premier ministre. Nous contribuerons à la solution, comme nous l'avons fait avec les propositions que nous avons déjà présentées aux Français".