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Si la mobilisation contre la réforme des retraites semble s'essouffler en France, les salariés des raffineries et des dépôts de carburant n'entendent rien lâcher, alimentant les craintes d'une pénurie de pétrole.

Le mouvement contre la réforme des retraites s’est durci, ce vendredi, dans l’industrie pétrolière. Les salariés des 12 raffineries françaises sont désormais en grève, faisant planer le spectre d’une pénurie de carburant. Plus d’une centaine des 12 500 stations-service du territoire pâtissent par ailleurs déjà du blocage de quatre dépôts depuis jeudi.

Selon la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR) contactée par France24.com, les entreprises de fret commencent à rencontrer des difficultés d’approvisionnement dans plusieurs régions de France, notamment en Rhône-Alpes, en Alsace, en Bretagne et dans le sud-est.

Premier distributeur français, Total ne redoute toutefois aucune pénurie imminente. "Il y a des produits pétroliers dans tous les dépôts, explique Christine de Champeaux, porte-parole du groupe. Pour l’instant, le problème d’approvisionnement de certaines stations est d’ordre logistique : il faut faire face à une explosion de la demande", précise-t-elle. Cette semaine, la consommation de carburant a augmenté de 50 % dans les stations-service.

Dans la région nantaise, les automobilistes se sont rués sur les pompes après l’arrêt de la production de la raffinerie de Donges et le blocage du dépôt de Vern-sur-Seiche. Une grande partie des stations-service de la région est en panne sèche, ce vendredi.

"Nous accueillons trois fois plus de clients qu’en temps normal, raconte l’exploitante d’une station de Nantes jointe par téléphone. Mais il nous reste seulement un peu de sans plomb 95."

Dépôts bloqués, raffineries à l’arrêt

Vendredi dans la matinée, les forces de l’ordre ont dégagé l'accès aux quatre dépôts de carburant bloqués en périphérie de Bordeaux, Clermont-Ferrand, Marseille et Nantes. En réponse, des grévistes ont immédiatement occupé d’autres dépôts, notamment à La Rochelle, au Mans, à Caen et à Ouistreham.

Parallèlement, 10 des 12 raffineries de pétrole installées sur le territoire ont entamé des procédures d’arrêt complet de leur production. "Cela signifie qu’il n’y a plus de brut qui arrive, que les produits ne sont plus traités ni raffinés et donc que les expéditions sont bloquées", explique la direction de Total contactée par l’AFP. Les manifestants ont en outre arrêté l’oléoduc approvisionnant les aéroports parisiens d’Orly et de Roissy-Charles-de-Gaulle, ainsi que le sud de la région parisienne. Une action qui n'affecte pas le trafic aérien à cette heure.

Pour faire face à l’arrêt de la production pétrolière, le gouvernement a autorisé jeudi les compagnies à puiser dans leurs stocks de réserve de carburant, qui représenteraient entre 10 et 12 jours de consommation.