À l'appel de Benoit XVI, les évêques originaires du Moyen-Orient se réunissent en synode, à Rome, du 10 au 24 octobre pour débattre de la situation inquiétante des chrétiens d'Orient.
"Vivre de manière digne dans son propre pays est, avant tout, un droit de l'homme fondamental" a rappelé le pape Benoît XVI au moment d’ouvrir dimanche, à Rome, un synode des évêques du Moyen-Orient. Réuni au Vatican du 10 au 24 octobre, le synode intitulé "L'Église catholique au Moyen-Orient : communion et témoignage", rassemble 185 "pères synodaux" - 140 de rite oriental et 45 de rite latin. Chaldéens, maronites, coptes, syriaques ou encore grecs-catholiques… pendant deux semaines il sera question de l’avenir et du sort actuel des chrétiens d’Orient. Minoritaires dans une région tourmentée notamment par de nombreux conflits, et par l’intolérance de l’islamisme fondamental, ils sont dans l’impossibilité de pratiquer leur religion en toute sécurité dans certains pays.
Malaise et exil
"Les chrétiens ressentent le malaise d'être considérés comme des non-citoyens dans des pays qu'ils considèrent depuis toujours comme leurs maisons, avant même la naissance de l'islam", a regretté le patriarche d'Alexandrie des coptes d'Égypte, Antonios Naguib, lundi, dans le cadre du synode. Selon le document préparatoire des débats, les chrétiens ont été au nombre des "principales victimes" de la guerre en Irak, au Liban ils "sont divisés au plan politique et confessionnel" et ils rencontrent "de sérieuses difficultés" en Égypte. En Turquie, "le concept actuel de laïcité pose encore des problèmes à la pleine liberté religieuse du pays". En plus de l'hostilité à leur religion qui les pousse à l’exil, ces populations, elles-mêmes parfois divisées, rencontrent aussi des difficultés d’ordre économique dans des pays où leur présence remonte aux premiers temps de la chrétienté. La communauté ne compte plus que 20 millions de chrétiens, dont 5 millions de catholiques, sur 356 millions d’habitants.
Cri de douleur
Géographie oblige, l’arabe sera pour la première fois une langue officielle d'un synode. Deux dignitaires musulmans, dont l'ayatollah chiite iranien Seyed Mostafa Mohaghegh Ahmadabadi, professeur de droit à l'université de Téhéran, et un dignitaire du judaïsme, le rabbin David Rosen, directeur des affaires inter-religieuses du Comité juif international, ont été invités par le pape à prendre la parole durant les travaux. Le but du synode est "principalement pastoral", selon le pape, mais son organisation, outre le fait de mettre en lumière les difficultés des fidèles de la région, est déjà un accomplissement souligné par plusieurs dignitaires locaux.
"Il ne faut pas que ce synode se résume à un cri de douleur sur la situation au Moyen-Orient. Il faut qu’il établisse de nouvelles règles pour les relations islamo-chrétiennes, basées sur le respect mutuel et le droit afin de résoudre la crise de la présence chrétienne dans la région", prévient Mohamad Sammak, secrétaire général du Comité national pour le dialogue islamo-chrétien au Liban, interrogé par France24.