Le gouvernement n'entend toujours pas céder à l'appel de la rue sur le dossier des retraites en dépit d'une mobilisation qui pourrait enfler. Soutenus par la majorité des Français, les syndicats menacent de radicaliser le mouvement.
C’est une semaine sociale décisive et à hauts risques pour le gouvernement. Une
semaine qui s’ouvre et se referme sur deux journées de mobilisation – mardi 12 et samedi 16 octobre - soutenues par une majorité de Français. "On passe ou on casse", résumait dimanche le numéro un de la CFDT, François Chérèque, alors que trois éléments pourraient faire basculer le destin de ce mouvement social vers la radicalisation : le recours aux grèves reconductibles, le soutien de l’opinion et la mobilisation des jeunes.
Des administrations aux ports et raffineries en passant par les écoles primaires, de nombreux secteurs seront touchés mardi par des grèves lors de la journée interprofessionnelle pour les retraites et les perturbations pourraient se prolonger. Car face à la détermination du gouvernement, la menace d'une grève reconductible a été brandie par certaines organisations professionnelles, faisant courir le risque d’une paralysie durable.
Si les grèves dans la fonction publique, l’Éducation nationale, l’aviation, le transport routier, les hôpitaux et la justice devraient se limiter à la seule journée d’action du mardi 12 octobre, le mouvement pourrait se prolonger dans d’autres secteurs : les transports (SNCF, RATP, transports en province, compagnies maritimes), La Poste, les secteurs de l’énergie (EDF, GDF-Suez), de la chimie, de la métallurgie, l’agroalimentaire, et dans un certain nombre de grands groupes privés (France Télécom, Total, Rhodia…)
Les perspectives de poursuite du mouvement dépendent de la volonté des salariés à poursuivre la grève, mais aussi de l’assise populaire des revendications. La radicalisation se joue non seulement dans la rue, mais aussi dans les esprits.
Radicalisation étudiante ?
Justement, deux sondages (BVA pour M6, et CSA pour Le Parisien) publiés lundi matin relèvent que 71% des Français estiment justifiée la journée de mardi, 66% sont favorables à un durcissement des actions contre le projet gouvernemental de réforme des retraites et 69% soutiennent les syndicats.
Des sondages qui semblent prouver que les assouplissements concédés par le gouvernement sur le projet de réforme la semaine dernière – sur la retraite de certaines mères et parents d'enfants handicapés – n’ont pas atteint leur but : désamorcer la contestation et fédérer les Français autour du projet.
Face à ce "front du refus", le gouvernement n’espère plus qu’une chose : que lycéens et étudiants restent discrets dans un mouvement social qui ne les a pas beaucoup mobilisés depuis le printemps. Message reçu par l’Unef, première organisation étudiante, qui appelle pour le mardi 12 à une journée "facs mortes" et à "participer massivement aux manifestations".