
L'augmentation du nombre de filles mineures impliquées dans la délinquance, révélée par une étude publiée ce mardi, inquiète la police qui essaye de s'adapter à ce nouveau phénomène.
Le nombre de filles mineures impliquées dans la délinquance est sensiblement en hausse depuis cinq ans, selon une étude de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) rendue publique mardi.
Ces chiffres préoccupent tout particulièrement la police qui, sur le terrain, constate chaque jour l’augmentation du phénomène. "Les chiffres de la délinquance des mineures nous inquiètent depuis quelques années déjà, explique à France24.com Mohamed Douhane, commandant de police et membre du bureau national du syndicat Synergies officiers. Certaines jeunes mineures ont de moins en moins de réticences à utiliser des méthodes propres aux garçons. Et même si la délinquance reste largement masculine, elle a tendance à se féminiser."
Effet de mimétisme
Selon l’étude de l’ONDRP, entre 2004 et 2009, les filles "mineures sont majoritairement impliquées pour des atteintes aux biens", mais il y a une hausse de 80 % s'agissant des violences et des menaces. Le nombre de filles mises en cause pour des violences physiques non crapuleuses, comme les coups et blessures volontaires, a doublé. Pour ce qui est des vols avec violence, écrit l'ONDRP, un mineur sur dix mis en cause est une adolescente.
Ces comportements qui se sont développés dans les quartiers difficiles et dans le milieu scolaire s’expliquent "par l’harmonisation des styles de vie entre les adolescents. Les filles s’identifient de plus en plus à des modèles masculins et passent souvent à l’action pour des motifs futiles tels que la jalousie", observe Mohamed Douhane. Un effet de mimétisme que l’on retrouve dans le phénomène de bandes exclusivement féminines, visibles à Paris notamment du côté de la gare du Nord, des Champs-Élysées et du quartier des Halles. "Si elles sont moins agressives que les bandes de garçons, elles reproduisent les mêmes comportements d’hostilité envers la police, de dégradation de biens publics et de violence contre les personnes. À la différence que ce sont les femmes qui sont les principales victimes de la délinquance des mineures", précise le commandant Douhane.
La police s’adapte
Sur le terrain, la police tente de s’adapter à ce phénomène. "On tient compte d’une certaine spécificité, notamment lors des fouilles en garde à vue qui sont effectuées par des femmes policiers. Dans le cadre des enquêtes, nous nous adaptons à la psychologie et à la personnalité des adolescentes mises en cause", ajoute Mohamed Douhane. Mais la différenciation s’arrête là, car "la loi pénale ne fait pas de différence entre les sexes, et il n’y a pas d’indulgence spécifique envers les jeunes mineures, ni de la part de la police ni de la part des magistrats", conclut-il.