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Le procès du député d'extrême-droite Geert Wilders ajourné

Le député d'extrême-droite néerlandais Geert Wilders a accusé le juge de partialité et a demandé son remplacement, provoquant l'ajournement de son procès quelques heures seulement après son ouverture. L'homme est poursuivi pour incitation à la haine.

REUTERS - Le procès pour incitation à la haine et insulte à la communauté musulmane de Geert Wilders, personnalité centrale de la vie politique néerlandaise, a été ajourné lundi quelques heures après son ouverture, à Amsterdam.

Les avocats de la défense ont accusé le juge de partialité et déposé une demande en vue de son remplacement.

Le président du Parti de la liberté (PVV), qui fait l'objet de menaces de mort et vit sous surveillance policière permanente, est notamment poursuivi pour avoir comparé l'islam au nazisme et le Coran à "Mein Kampf" d'Adolf Hitler dans une tribune publiée dans la presse.

L'incident à l'origine de l'ajournement s'est produit lorsque Geert Wilders a annoncé qu'il invoquerait son droit au silence.

"J'ai dit ce que j'ai dit et je n'en retirerai pas un seul mot", a-t-il dit.

"Le fait que nous continuions à vous poser des questions ne relève pas du harcèlement", lui a alors dit le juge, ajoutant qu'on avait reproché par le passé à Wilders de refuser tout débat et qu'il semblait aujourd'hui adopter la même stratégie.

"Je considère qu'il est inapproprié, déplacé et même scandaleux que le président de la cour interprète ceci et le commente", a dit Wilders lors de l'audience distincte réclamée par ses avocats pour décider du maintien ou non du juge présidant les débats. "Un procès équitable n'est plus possible", a-t-il ajouté.

Cette audience distincte, de même que le procès de Wilders, ont été ajournés à mardi, le temps qu'une décision soit prise. Si les objections de la défense sont retenues, de nouveaux juges devront être désignés et la procédure sera retardée.

Procès de la liberté d’expression ?

Le procès du chef de file du parti islamophobe intervient à une période cruciale pour les Pays-Bas, au moment où pourrait se mettre en place le nouveau gouvernement formé par les libéraux du VVD et les chrétiens démocrates de la CDA avec l'appoint parlementaire des élus du parti de Geert Wilders.

Au parlement, libéraux et chrétiens démocrates disposent seulement de 52 des 150 sièges. Avec l'appoint du parti de Wilders, le gouvernement aurait très exactement les 76 sièges de la majorité absolue.

Réunis en congrès, les chrétiens démocrates ont entériné l'accord de gouvernement avec les libéraux. Mais ils restent divisés sur l'opportunité de compter sur le soutien de Wilders. Leur décision définitive devrait être connue mardi.

Geert Wilders n'a pas manqué de relever la coïncidence des calendriers judiciaire et politique, évoquant ces "journées étranges" où il a dû préparer son procès tout en discutant avec les responsables politiques du Parti libéral et des chrétiens démocrates.
Avant d'opter pour une tactique de silence à l'audience, il a affirmé: "Mon procès est aussi celui de la liberté d'expression d'au moins 1,5 million de personnes", référence aux suffrages qui se sont portés sur sa liste lors des élections du 9 juin.

Avant l'incident de lundi, le verdict était attendu pour le 4 novembre. S'il est déclaré coupable, Geert Wilders est passible d'une peine maximale d'un an de prison.

Alors qu'une importante manifestation de soutien s'était déroulée en janvier devant le palais de justice à l'occasion d'une audience préliminaire, lundi, ils n'étaient que quelques-uns, adversaires de Wilders, à s'être rassemblés pour l'ouverture du procès sous haute surveillance policière. Dans "Fitna", un film qu'il a réalisé en 2008, Geert Wilders accuse le Coran d'inciter à la violence et monte en parallèle images d'attentats et sourates du livre sacré des musulmans.

"On n'a jamais vu un parlementaire aussi éminent devoir répondre devant une cour pénale de commentaires incitant à la haine", a déclaré Gerard Spong, avocat célèbre aux Pays-Bas, interrogé par la radio BNR.
 

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