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La tête du Parti travailliste, un fauteuil pour deux... frères

Samedi, les Britanniques sauront qui de David Miliband (à dr.) ou d'Ed, de quatre ans son cadet, prendra les rênes du Labour. Portrait de deux frères qui ont la politique pour passion commune. Au risque de se déchirer ?

Ils sont cinq à vouloir succéder, ce samedi, à Harriet Harman, actuellement à la tête du Parti travailliste britannique depuis la démission de Gordon Brown, le 11 mai dernier.

David et Ed Miliband, tous deux anciens membres du gouvernement, sont sur les rangs, ainsi que l'ancien secrétaire d'État à l'Enfance et à l'Éducation, Ed Balls, 43 ans, son ancien collègue de la Santé, Andy Burnham, 40 ans, et Diane Abbott, 57 ans, qui était devenue, en 1987, la première femme noire à entrer au Parlement.

Mais les sondages sont formels : sauf accident, c’est bien un Miliband qui devrait prendre les rênes du Labour, les trois autres candidats étant relégués loin derrière les deux frères.

Issus d'une famille d'origine juive polonaise, fils du théoricien marxiste Ralph Miliband, David et Ed ont fréquenté la même école publique du nord de Londres, fait les mêmes études à Oxford et, après avoir grimpé rapidement les échelons du parti, sont devenus les premiers frères à servir dans un gouvernement britannique depuis 1938.

Dès leur entrée au Labour, les deux hommes choisissent des voies divergentes au sein du parti : tandis que David Miliband officie en tant que conseiller politique de Tony Blair, Ed sert de "plume" à Gordon Brown, longtemps rival de celui qui deviendra son prédécesseur à Downing Street.

David, l’ultra favori

Né en juillet en 1965, David est passé par plusieurs secrétariats d’État avant d’être nommé ministre des Affaires étrangères sous l’ère Gordon Brown (juin 2007 -mai 2010). Proche de Tony Blair, son intelligence redoutable lui vaut le surnom de "cerveau" au sein du cabinet.

Aujourd’hui, l’ancien chef de la diplomatie britannique veut tourner la page du “New Labour”, écrite par Tony Blair en 1994, pour se préoccuper davantage des problèmes de société et des inégalités. Figure incontournable de l’opposition, l’aîné des frères Miliband estime que le plan d’austérité de la coalition menée par l’actuel Premier ministre, David Cameron, provoquera une rechute économique. À la place, il préconise l’idée d’une double taxe sur les banques.

S’il a voté en faveur de la participation du Royaume-Uni à la guerre d’Irak en 2003, il a depuis reconnu qu’il ne l’aurait pas fait s’il avait su que Saddam Hussein ne possédait pas d’armes de destruction massive.

Ed, le chouchou des syndicats

Edward Samuel, qui a fêté ses 40 ans en décembre 2009, fait quant à lui figure d’étoile montante au sein du Parti travailliste. S’il a moins d’expériences politiques que son aîné, son positionnement à la gauche du Labour lui permet de se démarquer de David.

Entré en politique dans les années 1990, il a longtemps rédigé les discours de Gordon Brown avant de devenir secrétaire d’État à l’Énergie et au Changement climatique en octobre 2008. Le 15 mai 2010, il annonce sa candidature à la tête du Parti travailliste.

Son chantier principal : rétablir l’égalité et la dignité au travail. Pour ce faire, Ed veut s’attaquer à la fracture entre les pauvres et les riches avec la mise en place d’un "salaire de vie" indexé sur le coût réel de la vie et la mise en place d’une commission chargée de réguler les hauts salaires dans le public et le privé. Un programme qui est loin de déplaire aux syndicats…

"Mon meilleur ami"

Bien que les deux frères se disputent la direction du Parti travailliste britannique, ils assurent que leur lien fraternel est indestructible, et survivra à l'élection de samedi à Manchester.

Une posture battue en brèche par un ancien leader du parti, Lord Neil Kinnock, qui a récemment déclaré à la télévision britannique que les amis de David déversaient de la "bile sanglante" sur le compte de son frère.

Ces accusations ne semblent cependant pas perturber les deux hommes, qui ne se sont jamais personnellement livrés à ce genre de pratiques. "David est mon meilleur ami. Je l'aime très fort, a déclaré Ed lors du lancement sa campagne pour le leadership du Labour. L'amour fraternel survivra parce que c'est plus important que la politique."