Paris a décidé d'installer "une base opérationnelle" de 80 militaires dans la capitale nigérienne. Ils seront chargés de retrouver les otages enlevés le 16 septembre. Par ailleurs, Areva a reconnu des "défaillances" dans la sécurité de ses employés.
Selon des sources sécuritaires et diplomatiques au Sahel, citées ce lundi par l’AFP, la France aurait installé à Niamey, au Niger, "une base opérationnelle" de 80 militaires pour tenter de retrouver les sept salariés (cinq Français, un Togolais et un Malgache) d’Areva et de Vinci enlevés jeudi à Arlit, dans le nord du pays.
Dimanche, le Niger a accordé à l’armée française le droit d’utiliser son
itespace aérien et son territoire pour la première fois depuis près de 25 ans."L’armée française reste discrète sur son rôle dans les opérations qui se déroulent dans la région, confirme Willy Bracciano, envoyé spécial de FRANCE 24 à Niamey. Elle se contente de dire qu’elle assure un appui technique auprès des forces nigériennes." Tout juste sait-on que les militaires français, basés dans un hôtel de Niamey, disposent d’avions de type "Breguet-Atlantique" pour effectuer des vols de reconnaissance au dessus du territoire nigérien.
La France "fera tout pour retrouver ses otages", avait déclaré, dimanche, le porte-parole du gouvernement français, Luc Chatel, interrogé sur la possibilité que Paris engage une "action militaire" pour tenter de libérer ses ressortissants.
Un terrain d’opération qui s’étend sur un large territoire
En l’absence de revendication et de demande de rançon, la piste d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) demeure l’hypothèse privilégiée. Les otages seraient, selon Paris, désormais retenus dans le nord-est du Mali, dans une zone montagneuse et désertique adossée à l'Algérie. Une immense région aux frontières poreuses qui, selon l’ancien juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, interrogé sur le plateau de FRANCE 24, devrait donner du fil à retordre aux militaires français. "Dans ce type de kidnapping, les ravisseurs bougent beaucoup avec leurs otages", prévient pour sa part un militaire malien, cité par l’AFP.
Sur le terrain, la France peut néanmoins compter sur la coopération des gouvernements locaux. Le Mali a accordé à tous ses voisins un droit de poursuite sur son territoire. Quant à la Mauritanie, elle mène de façon régulière des opérations militaires contre Aqmi.
Polémique autour de la sécurité des expatriés français
Le porte-parole du groupe nucléaire français Areva, Jacques-Emmanuel Saulnier, a déclaré, ce lundi, qu’un "ensemble de défaillances dans le dispositif de sécurité" ainsi que des "complicités" ont pu favoriser les enlèvements.
"Compte tenu de la précision des menaces d’Aqmi à l’égard des ressortissants français [de plus en plus sérieuses depuis l’exécution de l’otage Michel Germaneau au lendemain de l’assaut raté de l’armée française en juillet dernier], il est inquiétant de constater que les agresseurs aient pu opérer à leur guise sur le site d’Areva", regrette André Bourgeot, directeur de recherche au CNRS et responsable du programme Nouveaux enjeux dans l'espace saharo-sahélien.
Dimanche, la question de la sécurité des expatriés sur les sites d’exploitation de l’uranium avait donné lieu à une polémique, Areva et le gouvernement nigérien se rejetant mutuellement la responsabilité des enlèvements. Le groupe industriel français a confirmé que les agents des sociétés privées chargées de la sécurité de ses expatriés à Arlit n'étaient pas armés, tout en démentant l’affirmation du porte-parole du gouvernement nigérien, Laouali Dan Dah, selon laquelle Niamey lui avait vainement proposé "il y a moins de deux mois de prendre en charge la sécurité de ses agents".
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