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La percée de l’extrême-droite bouleverse le paysage politique

Le gouvernement de centre-droit a perdu sa majorité absolue en raison du score de l'extrême-droite, qui fait une entrée historique au Parlement suédois. Chronique d'une percée annoncée.

L'alliance de centre-droit peut se féliciter d'avoir remporté dimanche les législatives suédoises. C'est la première fois qu’un gouvernement de cette tendance politique est reconduit dans le pays. Mais il s’agit bel et bien d’une victoire en demi-teinte pour le Premier ministre Fredrik Reinfeldt au vu de la percée historique de l'extrême-droite. En récoltant 5,7% des suffrages, les Démocrates de Suède (SD) obtiennent 20 sièges au Parlement. Un résultat qui constitue un changement politique majeur dans ce pays considéré comme l'un des plus libéraux et des plus tolérants au monde.

"Xénophobes et populistes"

"Il ne s’agit pas réellement d’une surprise, car les sondages et les médias suédois avaient anticipé cette percée", explique Birgitta Orfali, maître de conférences à l’Université René Descartes à Paris. Aux législatives de 1998, les SD n'avaient recueilli que 0,37% des suffrages, puis 1,44% en 2002. Quatre plus tard, ils avaient atteint 2,93% des voix. Une progression constante qui les a menés dimanche à dépasser la barre fatidique des 4% de votes requis pour siéger au Riksdag. Selon les analystes, le parti a récolté des voix parmi les chômeurs dont le nombre a grimpé lors de la crise économique mondiale.

"Nous voulons être les faiseurs de roi afin que les autres partis adoptent notre politique", avait lancé Jimmie Aakesson, avant le scrutin. Son vœu semble exaucé car son parti s’est offert un rôle d’arbitre entre la gauche et la droite traditionnelle, cette dernière n’ayant pas obtenu de majorité absolue. Le Premier ministre suédois et les autres formations politiques du pays ont pourtant exclu de gouverner avec le parti extrême-droite. "Nous ne les toucherions même pas avec des pincettes", a assuré M. Reinfeldt qui a qualifié les Démocrates de Suède de "xénophobes et populistes".

Immigration et criminalité

"Nous ne créerons pas de problème. Nous prendrons nos responsabilités. C'est ma promesse au peuple suédois", a lancé le dirigeant d'extrême-droite de 31 ans devant ses partisans après la publication des premières estimations. Les Démocrates suédois, qui se sont débarrassés de leur étiquette de mouvement skinhead, ont fait essentiellement campagne sur le thème de la lutte contre l'immigration. Et à l’instar des autres partis européens de cette tendance politique, les SD soutiennent que l'immigration est liée à la criminalité, et ce dans un pays où 18% de la population est d'origine étrangère selon l’Office des statistiques et où le nombre d'immigrants est passé de 65 000 en 2005 à 102 000 en 2010. Ce discours néonationaliste connaît également un regain de popularité dans les pays voisins. Au Danemark, le Parti du peuple danois apporte son soutien parlementaire au gouvernement minoritaire libéral-conservateur et réussit à peser sur l’agenda politique.