Une attaque perpetrée dimanche par deux groupes de militants islamistes, dans l'est du Tadjikistan, a fait 23 victimes dans les rangs de l'armée. La situation est fragile dans ce pays d'Asie centrale, qui a une frontière poreuse avec l'Afghanistan.
AFP - Vingt-trois militaires ont été tués dimanche dans l'est du Tadjikistan dans une "attaque terroriste" perpétrée par des islamistes, selon les autorités, un nouveau signe d'activité des militants islamistes dans ce pays d'Asie centrale voisin de l'Afghanistan.
"Vingt-trois militaires du ministère de la Défense sont morts et plus de 10 ont été blessés à la suite d'une attaque terroriste commise à la mi-journée dans l'est du Tadjikistan", a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère de la Défense, Faridoun Makhmadaliev.
"L'attaque a été perpétrée par deux groupes terroristes islamistes", a-t-il ajouté, sans autre détail.
Plus tôt dans la journée, une source militaire tadjike avait déclaré à l'AFP qu'un camion militaire avait été attaqué à 250 km à l'est de la capitale Douchanbé, dans la vallée de Racht, une région montagneuse difficile d'accès, où des soldats devaient rejoindre un poste de surveillance.
Le Tadjikistan a une frontière poreuse de 1.340 km avec l'Afghanistan ; il est dans une situation fragile depuis l'accord de paix conclu en 1997 après la guerre civile entre le pouvoir et des combattants islamistes. Ce conflit, qui avait éclaté après le démembrement de l'URSS, a fait environ 150.000 morts.
Des heurts armés entre les forces de l'ordre et des militants islamistes présumés ont lieu régulièrement dans ce pays, notamment aux frontières avec l'Afghanistan, le Kirghizstan et l'Ouzbékistan.
Le président tadjik, Emomoli Rakhmon, en déplacement à New York pour participer à l'assemblée générale des Nations Unies, a adressé dimanche ses condoléances aux familles de victimes de l'"attaque terroriste" et ordonné au gouvernement de "prendre toutes les mesures pour normaliser la situation dans cette partie du pays", selon un communiqué de la présidence.
Il a chargé les autorités tadjikes d'"arrêter tous les criminels qui ont participé à cette attaque et de les traduire en justice", selon le communiqué, soulignant que des renforts avaient été déployés dans la vallée du Racht.
Dans cette région du Tadjikistan, les forces de l'ordre mènent des opérations de recherches pour tenter de retrouver des fugitifs islamistes qui se sont évadés d'une prison de la capitale Douchanbé fin août.
Vingt-cinq militants liés à Al-Qaïda avaient alors pris la fuite après avoir tué six surveillants de prison et s'étaient dirigés en voiture vers la vallée de Racht, selon les autorités.
Après cette violente évasion, deux attentats ont été commis début septembre: une attaque suicide contre un bâtiment de la police à Khoudjand (nord), qui a fait deux morts et 25 blessés, et l'explosion d'une bombe dans une discothèque à Douchanbé, faisait au moins sept blessés.
Ces événements constituent des signes inquiétants d'activité des militants islamistes dans cette ancienne république soviétique très pauvre.
Bien que ses hautes montagnes aient servi de refuge à des groupes comme le Mouvement islamique d'Ouzbékistan, un groupe lié à Al-Qaïda, actif en Afghanistan et dans les zones tribales du Pakistan, le Tadjikistan a échappé jusqu'ici au sort de son voisin afghan ravagé par la guerre.
Mais des experts mettent en garde depuis longtemps contre une extension du conflit afghan au Tadjikistan.