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Sans grand enjeu sur le plan de la politique intérieure, les législatives ont été marquées par plusieurs raids talibans contre des bureaux de vote, qui ont fait 14 morts. Le taux de participation au scrutin s'élèverait à 40 %.
AFP - Les législatives en Afghanistan ont été émaillées samedi d'attaques de talibans qui ont fait quatorze morts, mais le taux de participation au scrutin a malgré tout atteint 40%, soit davantage que pour la présidentielle de l'an dernier.
L'ampleur des fraudes donnera la mesure du succès ou non de ces élections, dont l'ONU et les responsables de l'OTAN ont rapidement salué le déroulement.
"Trois policiers ont été tués et treize autres blessés, onze civils ont été tués et 45 blessés", a déclaré le ministre de l'Intérieur Besmullah Mohammadi.
Sept personnes, dont au moins cinq civils, ont été tuées dans des tirs de roquettes
- Deuxièmes législatives depuis 2001
- Plus 10,5 millions d'électeurs appelés aux urnes
- 2 500 candidats
- 249 députés
- 68 sièges réservés aux femmes
- 9 menaces sur 10 concernent des femmes
- 6835 bureaux de vote
- 1000 pourraient être fermés pour raison de sécurité
visant des bureaux de vote dans la province de Nangarhar (est). Trois autres personnes ont été tuées dans trois tirs de roquettes distincts dans la province de Kunar (est).
Les talibans ont revendiqué 150 attaques de bureaux au total, mais ils ont pour habitude d'exagérer le bilan de leurs opérations.
Plus de 10,5 millions d'Afghans devaient choisir leurs 249 députés à l'Assemblée nationale parmi plus de 2.500 candidats. Les résultats définitifs officiels ne sont pas attendus avant le 31 octobre.
Outre la menace des talibans d'attaquer bureaux de vote, candidats, et tout électeur qui n'aura pas obéi à leur ordre de boycotter le scrutin, deux sujets inquiétaient la communauté internationale pour juger de la légitimité des résultats: le taux de participation --à comparer à un piteux 30% à la présidentielle d'août 2009-- et les fraudes.
Au terme de l'élection, la participation est estimée à 40%, selon Fazil Ahmad Manawi, le président de la commission électorale nommé par M. Karzaï.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a salué "le courage et la détermination" des électeurs. Il a appelé "toutes les parties à utiliser les voies légales qui conviennent pour déposer leurs recours et a demandé de la patience pour que les instances électorales achèvent le processus en conformité" avec la loi".
Le chef de la mission de l'ONU en Afghanistan, Staffan de Mistura, a estimé pour sa part qu'il fallait tirer un "bilan mitigé" des élections et que la sécurité n'avait pas été "bonne".
Le commandant des forces internationales en Afghanistan, le général américain David Petraeus, a lui aussi salué la participation des Afghans, tout comme le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen.
Le commandement de l'Otan a relevé qu'il y avait eu moins d'actes de violences que lors de la présidentielle, même s'ils ont été plus meurtriers.
La Commission des plaintes électorales (ECC) a indiqué avoir déjà reçu des "plaintes après des accusations d'ouvertures tardives de bureaux de vote, des cas de menaces et d'intimidation, des cas de personnes non autorisées à voter, des cas d'utilisation illégale de cartes d'électeur, de mauvaise qualité de l'encre indélébile et de manque de bulletins de vote".
Une ONG qui a suivi les élections, la FEFA (Fondation Afghane pour des Elections Libres et Régulières), a affirmé que leur déroulement avait donné lieu à de "nombreuses irrégularités" qui font peser "des doutes sérieux sur la qualité du scrutin". Elle a fait état de divers incidents - violences, bourrages d'urnes notamment - et indiqué qu'elle fournirait des rapports plus détaillés "dans les jours qui viennent".
Les services secrets afghans ont annoncé avoir saisi 22.000 fausses cartes d'électeurs lors des trois derniers jours.
Ces secondes législatives au suffrage universel depuis la chute du régime des talibans fin 2001 ne présentaient pas un grand enjeu, le pouvoir réel étant concentré dans les mains du président Hamid Karzaï.
L'enjeu est plus important pour les puissances occidentales au moment où, face à des opinions publiques réticentes à l'envoi de leurs soldats dans ce qui apparaît de plus en plus comme un bourbier, elles envisagent un début de retrait de leurs quelque 150.000 militaires dès juillet 2011 pour les Etats-Unis.
Les pertes parmi les soldats étrangers atteignent des niveaux record, avec 512 militaires tués depuis le début de l'année, alors que l'année 2009 était déjà de très loin la plus meurtrière depuis fin 2001, avec 521 morts.