logo

Rencontre historique entre le pape Benoît XVI et le chef de l'Église anglicane

Au deuxième jour de sa visite d'État au Royaume-Uni, le pape Benoît XVI s'apprête à rendre une "visite fraternelle" et historique à l'archevêque de Canterbury, Rowan Williams, plus haut prélat de l'Église anglicane.

AFP - Le pape Benoît XVI va rencontrer vendredi les autorités anglicanes au deuxième jour de sa visite historique en Grande-Bretagne, dans le cadre des efforts de rapprochement entre les deux Eglises.

Le pape participera à une messe à l'abbaye de Westminster célébrée par l'Archêveque de Canterbury Rowan Williams, un geste symbolique envers l'Eglise anglicane.

Il s'agit de la première visite d'Etat d'un pape au Royaume-Uni, près de cinq siècles après le schisme de 1534.

Jeudi soir, le pape avait célébré une messe en plein air devant 70.000 personnes à Glasgow (Ecosse), placée sous le signe de la repentance à la suite des scandales des prêtres pédophiles.

"L'autorité de l'Eglise n'a pas été assez vigilante", avait déclaré le souverain pontife dans l'avion qui l'emmenait en Ecosse, première étape d'un déplacement de quatre jours. L'Eglise n'a "pas été suffisamment rapide et ferme pour prendre les mesures nécessaires", avait-il ajouté.

La publication en novembre 2009 d'un rapport révélant des centaines de sévices sexuels sur des enfants commis par des prêtres en Irlande, et couverts par la hiérarchie, a entraîné la plus grave crise de l'Eglise ces dernières années. Des scandales similaires ont surgi, notamment en Allemagne et en Belgique.

"Ces révélations ont été pour moi un choc et une grande tristesse", avait déclaré le pape, soulignant la nécessité d'infliger aux "personnes coupables la juste peine".

Le pape, 83 ans, avait été reçu dans la matinée à Holyroodhouse, palais écossais de la reine Elizabeth II, 84 ans. Peu après, le souverain pontife, un tartan écossais sur les épaules, avait défilé en "papamobile" dans les rues d'Edimbourg. Dans une foule évaluée à 125.000 personnes par la police, on pouvait apercevoir de rares pancartes d'opposants, dont une appelant à "ne pas protéger les prêtres pédophiles".

En fin de journée, le pape avait célébré une messe en plein air dans le parc Bellahouston de Glasgow, sous un franc soleil. Arrivant en papamobile, il avait brièvement baissé sa vitre pour embrasser à deux reprises Maria, un bébé revêtu d'une barboteuse rose tendue par sa mère polonaise.

70.000 personnes avaient participé à la messe, selon le Vatican, soit trois fois moins que pendant la messe célébrée en 1982 au même endroit par Jean Paul II, à l'occasion d'une "visite pastorale" d'un rang protocolaire inférieur à la "visite d'Etat".

Il en a coûté 25 euros aux fidèles pour assister à la grand-messe, une "contribution financière" demandée par l'Eglise afin d'apaiser la polémique sur le coût du déplacement (plus de vingt millions d'euros).

it
Rencontre historique entre le pape Benoît XVI et le chef de l'Église anglicane

S'adressant aux milliers d'écoliers et étudiants massés dans le parc, le pape avait mis en garde les jeunes contre les "nombreuses tentations : drogue, argent, sexe, pornographie, alcool".

La visite papale a été la cible de multiples critiques, notamment après les propos d'un cardinal allemand qualifiant le Royaume-Uni de "pays du tiers-monde".

Plusieurs manifestations sont annoncées, notamment contre les positions "rétrogrades" du Vatican, dont la plus importante samedi à Londres.

Et les propos du pape sur la pédophilie n'ont apparemment pas calmé les victimes.

"Il est malhonnête de dire que l'Eglise a manqué de vigilance", a jugé Joelle Casteix, une membre du réseau international des victimes de sévices de la part de prêtres (SNAP). "Au contraire, elle a été rapide et vigilante, mais pour cacher et non pour prévenir ces horreurs", selon elle.