
L'Église "n'a pas été assez vigilante" dans les scandales pédophiles impliquant des prêtres, a déclaré le souverain pontife dans l'avion l'amenant en Écosse. Benoît XVI entame une visite d'État de quatre jours au Royaume-Uni.
Benoît XVI est arrivé à Édimbourg, première étape d'une visite d'État de quatre jours au Royaume-Uni. Le prince Philip, duc d'Édimbourg, attendait le pape sur le tarmac. Le souverain pontife a ensuite rejoint le château d'Holyrood où il tient une audience avec la reine d'Angleterre Elizabeth II, chef de l'Église anglicane.
Il n’avait pas encore atterri en Écosse, que le pape a abordé la question de la pédophilie devant quelques journalistes présents durant le voyage en avion. Il a déclaré que le clergé catholique s'était montré "insuffisamment vigilant" face aux cas de pédophilie au sein de l'Église et que les autorités de l'Église avaient mis trop de temps à réagir face au scandale. Il s’est dit choqué par cette "perversion".
Des propos forts... Le pape évoque en effet la responsabilité de "l'autorité de l'Église", à savoir la hiérarchie catholique, dans laquelle il s'inclut ainsi que les évêques.
Le scandale des prêtres pédophiles a connu un nouvel épisode, ces derniers jours, avec la publication d’un rapport accablant sur l’ampleur des abus en Belgique. Le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi, a indiqué que Benoît XVI allait recevoir des victimes britanniques lors de son séjour, mais que l'entrevue se fera en privé.
"Il n’y a pas de polémique plus grande en ce moment pour l’Église catholique que celle des abus sexuels, rapporte Philippe Crowther, envoyé spécial de France 24 à Glasgow. Cela sera d’une importance cruciale durant cette visite d’État. Autre sujet central : la division entre les Églises anglicane et catholique. Une réconciliation potentielle a été mentionnée dans les discours du pape et de la reine ce jeudi. Mais ce rapprochement ne pourra être que très lent, étalé sur des décennies ou même sur des siècles."
La visite papale est aussi placée sous le signe de la controverse, en raison des tensions persistante avec l'Église anglicane. Le pape "entre dans la cage aux lions", a résumé le quotidien The Independent.
Il s’agit de la première visite d'État d'un pape au Royaume-Uni depuis le schisme anglican au XVIe siècle. Et la publication l'an dernier d'un texte favorisant le retour dans l'Église catholique des anglicans avait fait grincer des dents. D’ailleurs, sa visite sera marquée par la béatification du cardinal et théologien John Newman (1801-1890), un anglican converti au catholicisme.
"La reine d’Angleterre et le souverain pontife ont chacun prononcé des discours bienveillants l’un envers l’autre. En dépit des polémiques, il y a un vrai enthousiasme pour la venue du pape", rassure le père Matthieu Rougé, diocèse de Paris, qui commente cette visite d’État sur France 24.
Une visite qui mènera Benoît XVI en Écosse (à Edimbourg et Glasgow), puis en Angleterre (à Londres et Birmingham) où il rencontrera le Premier ministre David Cameron.
Au programme aussi, de grands rassemblements populaires, avec pour invités la chanteuse écossaise à succès Susan Boyle et le trio de prêtres "The Priests". Le premier grand rassemblement est prévu à 17H00 ce jeudi avec une première messe en plein air, à Glasgow.